1. Présentation
L'histoire de l',enfance, histoire des soins et des sentiments accordés aux enfants, et de l’évolution du statut que les sociétés occidentales leur octroient.
Jusqu’à une époque récente, il n’existe pratiquement aucun écrit d’enfant ; par conséquent, l’histoire de l’enfance est, avant tout, une histoire du regard que les adultes ont porté sur les enfants. De fait, pour la plupart des périodes, l’enfance n’est connue de l’historien que par le filtre des pédagogues, des législateurs et ou des artistes.
Mais comme la majorité de ces écrits et portraits s’attardent sur l’enfant des milieux privilégiés — le cas de la jeunesse de Louis XIII, fortement détaillée, est évocatrice de cet intérêt — l’historien doit souvent avoir recours aux résultats de l’archéologie et à une documentation indirecte pour établir une histoire de ces enfances. À ces informations diffuses s’ajoute le problème de la définition de l’enfance : s’arrête-t-elle avec l’âge traditionnel de raison (sept ans), avec la capacité de travailler ou avec la majorité civique comme nous l’entendons aujourd’hui ? Afin de n’en exclure aucune, toutes ces enfances vont, en définitive, être retracées.
2 | LE « SENTIMENT DE L’ENFANCE » |
Éducation des enfants
Éducation des enfants, les filles apprennent à filer, les garçons à se battre, enluminure du xv e siècle extraite du Livre des bonnes mœurs de Jacques Le Grant. Musée Condé, Chantilly.
Gianni Dagli Orti/Corbis
À la suite des travaux pionniers de Philippe Ariès (l’Enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime, 1960), l’historien a considéré que l’enfance était un concept mal défini avant le xviiie siècle et qu’il était pratiquement impossible d’en faire l’histoire. En outre, il pensait que les parents des siècles passés, dans un contexte de très fortes natalité et mortalité infantile, restaient relativement indifférents à leurs nombreux et éphémères enfants, autrement dit qu’ils n’avaient pas « le sentiment de l’enfance ».
Depuis quelques années, la majorité des chercheurs a complètement remis en cause ces premiers résultats d’étude ; les historiens ont montré qu’il ne fallait pas juger l’enfance dans l’histoire à l’aune de nos valeurs contemporaines, mais qu’il convenait, en faisant preuve de relativisme culturel et en abandonnant l’idée d’un progrès continu dans le domaine de l’histoire des mentalités, d’observer l’enfance dans son contexte démographique, social et religieux. Ainsi, les chercheurs peuvent aujourd’hui affirmer que, de tout temps, les parents ont manifesté, selon les valeurs en cours, un intérêt et des sentiments à l’égard de l’enfance. ( à suivre )
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