vendredi 15 juin 2012

Beaucoup de promesses, trop peu de changement


Président Joseph M Martelly

Le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) dresse un bilan accablant des 12 premiers mois de Michel Martelly à la tête du pays. Scandales à répétition, assassinats spectaculaires, affaiblissement des institutions publiques figurent parmi les faits relevés par le RNDDH pour prouver que le président Martelly n'a pas tenu ses promesses de campagne.

Martelly n'a pas tenu ses promesses de changement. Pour le RNDDH, le bilan de la première année de Michel Martelly au pouvoir est un échec. Selon l'organisme de défense des droits humains, sur le plan politique, la première année de présidence de Michel Martelly est caractérisée par une instabilité doublée de scandales à répétition, dont des agressions verbales et physiques à l'encontre des membres de la presse, l'arrestation du député de Delmas/Tabarre, Arnel Bélizaire, les rumeurs persistantes sur la nationalité étrangère des membres du gouvernement et du président de la République.

Sur le plan sécuritaire, au moins 785 cas d'assassinat ont été répertoriés à travers le pays entre mai 2011 et mai 2012, en particulier dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Parmi les victimes de l'insécurité figurent 714 tués par balle et 16 à arme blanche contre 39 cas de lapidation.

L'insécurité grandissante qu'a connue le pays au cours de la première année du mandat de Michel Martelly a touché indifféremment des civils, des agents de la PNH, voire des agents de la Minustah. On se rappelle encore l'assassinat spectaculaire de l'ancien président du Conseil d'administration de la BNC, Guyto Toussaint, et de celui du professeur Yves Dorvil. Celui-ci occupait au moment de son assassinat le poste de directeur technique de l'Office national du cadastre. Le notaire Emile Giordani, Gloria Perez Guzman, secrétaire générale de l'association des Dominicains vivant en Haïti, l'inspecteur de police Joël Coffy, Me Briel Lagrandeur, le directeur de Radio Boukman, Jean Liphaite Nelson, Me Jeanty R. Durand figurent aussi sur la longue liste des victimes.

Les agents de la PNH ont été particulièrement visés par les bandits armés. 14 policiers, d'après le RNDDH, ont été tués au cours de la période couverte par le rapport. Le cas de Walky Calixte est le plus médiatisé. L'enquête ne précise pas combien de suspects ont été arrêtés dans le cadre des enquêtes ouvertes par la justice en vue de mettre la main au collet des assassins des policiers et des autres citoyens.

Cependant, pour la période couverte par le rapport, le RNDDH fait état de 23 952 interpellations et arrestations effectuées par la PNH ainsi que de la saisie de 55 armes à feu illégales. L'institution policière a aussi travaillé sur quelque 33 cas d'enlèvement et de séquestration ainsi que 439 cas de viol.

Dans le domaine de la justice, le RNDDH estime qu'aucune des promesses du président Martelly n'a été tenue, notamment la mise en place du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ).

Les relations entre le président Michel Martelly et la presse haïtienne n'ont pas été au beau fixe au cours des 12 mois écoulés. « Le président Michel Joseph Martelly, bien avant son élection à la tête du pays, s'est toujours montré peu tolérant vis-à-vis de la presse », rappelle le RNDDH en précisant les différentes altercations entre le président Martelly et des journalistes depuis sa prestation de serment. Pas moins de sept cas sont notés par l'organisme de défense des droits humains.

D'après le RNDDH, le président Martelly ne respecte pas les engagements pris par Haïti en matière de respect de la liberté de la presse quand il propose aux journalistes les sujets dont ils doivent débattre pour rehausser l'image du pays. « Son intolérance atteindra son paroxysme lorsque le 28 décembre 2011, à Cerca Cavajal, il récompense d'une motocyclette un individu qui brandissait une pancarte exhortant les journalistes à donner une chance au président », s'indigne le RNDDH.

Des voeux pieux

Dans son discours d'intronisation, le président Michel Martelly prenait l'engagement de changer les conditions de vie de la population haïtienne. Il articulait les axes prioritaires de son quinquennat autour de quatre grands points : Etat de droit, Education, Emploi, Environnement. Il s'engageait à remettre le pays sur les rails en apportant aux problèmes cruciaux des réponses concrètes telles que : la création d'emplois, la mise en application de la disposition constitutionnelle relative à l'éducation gratuite et obligatoire, la décentralisation, le reboisement et l'accès aux services sociaux de base à tous. Il annonçait aussi la construction de villages modernes en vue d'assurer le relogement des personnes vivant dans les camps, l'établissement d'un Etat de droit basé sur la primauté de la loi, l'intensification de la lutte contre la corruption, la matérialisation de l'indépendance du pouvoir judiciaire et l'organisation des élections locales.

12 mois plus tard, ces belles promesses restent des voeux pieux. « Aucun programme de création d'emplois n'est mis en oeuvre par le président, révèle le RNDDH. Les résultats du programme de scolarisation gratuite et obligatoire ne sont pas encore patents. De plus, les Haïtiens ont continué de braver la mort en tentant de se rendre en terre étrangère, à la recherche de meilleures conditions de vie.»

Pour le RNDDH, l'établissement de l'Etat de droit et le renforcement des institutions démocratiques, annoncés par le chef de l'Etat sont restés au stade de promesse. « La population, totalement abandonnée à elle-même, croupit dans la misère », affirme le rapport qui s'intitule ''Situation générale des droits humains dans le pays au cours de la première année de présidence de Michel Joseph Martelly. Ajoutant : « Et, plus que jamais, le président semble ne pas se sentir redevable envers le peuple haïtien qui, pourtant, a fait choix de lui pour prendre en main sa destinée, pour encore les quatre années à venir».

En attendant la tenue des prochaines élections locales, le RNDDH dit constater que dans un désordre généralisé, depuis le mois de septembre 2011, le président Michel Joseph Martelly révoque plusieurs Conseils communaux issus des élections locales de 2006 et les remplace par des proches du pouvoir. De quoi porter le RNDDH à tirer la conclusion qu'aucun changement notable n'est enregistré dans la manière de gérer le pays.


Premières convocations de Lamothe et de plusieurs membres de son équipe au parlement






Le Conseil supérieur de la police nationale (Cspn) fait l’objet d’une convocation par devant la commission Justice et sécurité de la chambre des députés pour le 15 juin 2012, alors que le Premier ministre Lamothe et 9 de ses ministres sont attendus au sénat, apprend AlterPresse de source parlementaire.

La commission Justice et sécurité de la chambre basse est présidée par l’honorable député Emmanuel Fritz Gérald Bourjolly de la circonscription d’Aquin (Sud).

Les sénateurs Jean-Charles Moïse, Wesner Polycarpe et Jean-Baptiste Bien-Aimé sont les initiateurs des convocations du premier ministre et des ministres des finances, de l’agriculture, de la santé publique, du commerce, de la défense nationale, de la justice, des travaux publics, du tourisme, de l’éducation.

« L’article 92 des règlements du sénat permet à un sénateur, en passant par le bureau, de convoquer un membre du gouvernement sur tout sujet d’intérêt public », justifie Moïse.

Joint par AlterPresse, le sénateur Moïse a informé que « le premier ministre Lamothe, le ministre de la justice, Jean Renel Sanon, celui de la défense, Rodolphe Joazile, sont attendus au Sénat le 18 juin 2012 ».

La ministre de l’économie et des finances, Marie Carmelle Jean Marie, et celui de l’agriculture, Jacques Thomas, « doivent se présenter respectivement les 21 et 25 juin 2012 » au Sénat.

Le 28 juin 2012, les sénateurs auditionneront le ministre des travaux publics, Jacques Gabriel.

Les 2 et 5 juillet 2012, ce sera le tour de Stéphanie Balmir Villedrouin, ministre du tourisme et Reginald Paul, ministre de l’éducation nationale.

Les ministres du commerce et de la santé publique, respectivement Wilson Laleau et Florence Duperval Guilllaume, seront entendus le 9 juillet 2012.

Pourquoi le Cspn ?

Le président de la commission Justice et sécurité présente un bilan inquiétant de la situation sécuritaire enHaïti.

« Des cas de kidnapping, des cambriolages, des assassinats par balles de fonctionnaires publics, le cas des [présumés] anciens militaires qui circulaient lourdement armés dans la capitale et en province ont poussé la commission à convoquer le Cspn afin de fournir des explications », précise Bourjolly, contacté par AlterPresse.

Reconnaissant des progrès du Cspn relatifs au dossier des civils armés, la commission de justice et sécurité veut quand même savoir si la solution trouvée à ce problème est « palliative ou définitive ».

« Les questions de paiement du fond de pension des militaires démobilisés et des armes en leur possession doivent être élucidées » informe le parlementaire.

Le 18 mai 2012, les hommes et femmes armés qui se sont réclamés des défuntes Forces Armées d’Haïti(Fadh) ont été délogés du camp de Lamentin 54 à Carrefour.

L’un des chefs de file de ces groupes armés avait déclaré sur les ondes que « chaque militaire démobilisé a en sa possession trois armes » depuis 1995, date de la dissolution de l’armée par arrêté du président Jean-Bertrand Aristide.

La commission dit attendre que le Cspn « explique clairement le nouveau plan national de sécurité prévu pour le pays ».

« Le mauvais traitement des policiers, l’absence de la Pnh dans la majorité des sections communales, l’augmentation de l’effectif de la police, la question de la police scientifique » seront aussi abordés à la convocation du 15 juin 2012.

Selon la loi du 28 décembre 1994 « portant création, organisation et fonctionnement de la Police nationale », le Cspn est formé du premier ministre, du ministre de la justice, du ministre de l’intérieur, le commandant en chef des forces de police et de l’inspecteur général en chef de la Pnh.

Laurent Salvador Lamothe, le chef du gouvernement, préside l’actuel Cspn alors que Mario Andressol, directeur général de la Pnh en est le secrétaire exécutif.

Selon les informations fournies par le député Bourjolly, le président du bureau de la chambre des députés, Levaillant Louis-Jeune, a déjà fait parvenir la lettre de convocation aux concernés.

Les 9 ministres cas par cas : les motifs

Le sénateur du Nord Jean-Charles Moïse informe que les ministres seront entendus et traités cas par cas, car « chaque ministre est convoqué pour un motif spécifique mais lié aux gabegies de l’administration Martelly ». Le premier ministre et le ministre de la défense seront interrogés sur la question des anciens militaires et les « stratégies de récupération des armes qu’ils détiennent ».

Selon le sénateur, le cas de Roro Nelson, ami très proche du président Martelly, accusé d’implication à maintes reprises dans des cas de violences physiques sur de simples citoyens ou des cadres de l’administration vaut bien une convocation du ministre de la justice, à côté de l’affaire Calixte Valentin, conseiller du président accusé d’assassinat sur la personne d’un commerçant de Fonds-Parisiens.

« Des explications sur l’utilisation des fonds de Petrocaribe pour le financement des programmes-slogans de la présidence et le devenir véritable des recettes prélevées sur les appels téléphoniques et les transferts de fonds » justifient la convocation de la ministre des finances.

La question de l’engrais dans l’Artibonite et la clarification du rôle que jouerait le beau-père du président dans cette affaire, exigent la convocation du ministre de l’agriculture.

Le ministre de l’éducation nationale doit venir rendre compte du programme de scolarisation gratuite de la présidence.

« L’invasion du marché haïtien par l’éthanol qui, d’une part, détruit la production de l’eau de vie locale, le clairin, et cause la mort de plusieurs compatriotes » est la raison de convocation des ministres du commerce et de la santé publique.

Le ministre des travaux publics est convoqué sur le blocage de certains projets entamés sous l’administration de René Préval, dont Jean-Charles Moïse fut le conseiller.

La ministre du tourisme doit « venir s’expliquer sur les forts investissements faits dans le tourisme à Jacmel », indique Moïse.

« Depuis le 11 juin 2012, les lettres de convocation sont remises au président du Sénat, Simon Dieuseul Desras, pour les suites nécessaires » informe le Sénateur.[efd apr 14/06/2012 10 :50] Alter Presse


dimanche 10 juin 2012

La République dominicaine assoit son hégémonie


                                  

Carlos Morales Troncoso - Ministre des affaires étrangères de la République Dominica

Entre les deux Républiques qui partagent l’île, les relations se détériorent. La République dominicaine est aux aguets. Son hégémonie prend le large. Elle l’affirme. Et Haïti en subit les conséquences. Les dernières mesures relatives à l’immigration montrent clairement que nos voisins dominicains durcissent le ton. Fermes à la barre, les dirigeants dominicains s’imposent et dictent leurs lois. La République dominicaine étant un pays indépendant est libre de prendre les mesures qui conviennent pour sa bonne marche. Cependant, les dernières mesures semblent montrer que les Dominicains sont dépassés par le flux migratoire haïtien et veulent appliquer une politique spéciale vis-à-vis de leurs voisins haïtiens. En étant en position de force grâce à leur production et, surtout, à cause de notre dépendance économique.

Y a-t-il une politique migratoire d’Haïti par rapport aux Dominicains, se demande t-on ? Les avantages dont bénéficient les autorités politiques et économiques paraissent reléguer à l’arrière-plan les intérêts nationaux. Tout semblait n’être que du saupoudrage entre les dirigeants haïtiens et dominicains durant leur lune de miel au cours de ces dernières années. Leur amitié affichée aux yeux du monde entier, la reprise des activités entre les membres de la commission mixte haïtiano-dominicaine, la collaboration entre les dirigeants semblent n’avoir été que de la pure hypocrisie. .

La République dominicaine, deuxième partenaire économique d’Haïti (un milliard de dollars au cours de ces cinq dernières années), se met au rang des grands. Comme le premier partenaire économique, elle croit important d’établir les mêmes conditions que les États-Unis pour quiconque veut obtenir un visa de touriste ou de commerce. Tout un train de mesures sera appliqué. Pas de laxisme, soutient le ministre dominicain des Affaires étrangères, Carlos Morales Troncoso. .

Pendant tout le mandat du président Leonel Fernandez, les Haïtiens n’avaient jamais eu un bon traitement dans son pays. Plusieurs assassinats ont eu lieu, dont des exécutions sommaires. Pourtant l’amitié des deux dirigeants était à son apogée. Le non-respect avéré des droits humains et l’oppression de nos concitoyens faisaient écho dans le monde. Feue Sonia Pierre est une icône de cette lutte. La famille politique de M. Fernandez a été depuis belle lurette très hostile aux Haïtiens. .

Les nébuleuses qui constituent le Parti libéral dominicain sont en grande partie d’anciens opposants farouches aux Haïtiens. Les dernières élections gagnées par le parti au pouvoir les rassurent encore plus. Le parti rouge, celui de M. Trocoso, ou le parti de l’ancien président Joachim Balaguer (Parti réformiste social chrétien), sont aujourd’hui des alliés sûrs du parti de Fernandez (le parti mauve). L’hostilité est à son point culminant et le fossé se renforce entre les deux peuples. .

Les Dominicains encore plus calmes

Les responsables dominicains croient que les nouvelles mesures ne changent en rien les accords signés entre les deux Républiques. L’ambassadeur dominicain en mission en Haïti persiste et signe : tout est au beau fixe entre les deux pays. Le ministre dominicain des Affaires étrangères est sur la même longueur d’onde, malgré les durcissements des mesures. .

Désormais, les Haïtiens illégaux sur le territoire dominicain ne pourront pas travailler. Les entreprises qui les engageront seront sanctionnées. Cette mesure a été prise après les récentes déclarations de l’ambassadeur haïtien accrédité en République Dominicaine, Fritz Cinéas. L’ambassadeur dominicain en Haïti, Ruben Silié Valdez, qui était en République dominicaine pour des consignes particulières au cours de la semaine dernière, affirme que ces mesures ont été mûrement réfléchies et visent à protéger le territoire dominicain. .

Une association de malfaiteurs de connivence avec certains employés de l’ambassade dominicaine en Haïti s’amusent à vendre les visas dominicains, reconnaît M. Valdez. Ces malfrats obtiennent au moins vingt dollars sur chaque visa. L’ambassadeur Valdez croit important de couper court à ces pratiques mafieuses. .

Les Haïtiens rouspètent

Depuis que la nouvelle est tombée, les responsables n’ont pas encore pris de position sur la question. Cependant, certains membres du pouvoir législatif se montrent déjà très hostiles par rapport à cette mesure. Guy Gérard Georges, président de la commission Affaires étrangères à la Chambre basse, assimile ces dernières mesures à du racisme et menace et de convoquer le ministre haïtien des Affaires étrangères. .

Le vice-président de cette commission au niveau du Grand Corps et ancien consul à Dajabon demande au pouvoir exécutif de passer à l’offensive. Jean-Baptiste Bien-Aimé, qui maîtrise bien les relations haïtiano-dominicaines, a fait savoir que l’État haïtien doit donner une réponse sévère aux Dominicains et leur envoyer un signal clair que le pays est dirigé. .

Même son de cloche de la part du député Jean Tholbert Alexis. Le président de la Commission des parlementaires haïtiano-dominicains demande que les droits des Haïtiens soient respectés en terre voisine. Toute un ensemble de mesures sera prise, fulmine le représentant de la circonscription de la Croix-des-Bouquets/ Thomazeau. .

Cependant, faut-il faire remarquer, ces réponses ne sont pas institutionnelles. Certains politiques réagissent à chaud. Des déclarations à tout bout de champ. Des réponses individuelles et isolées. Mais le pouvoir exécutif chargé de la question des relations extérieures lésinent à adopter une position commune. Intérêts de groupe. Intérêts de clan ou personnels. Et tant pis si les droits des Haïtiens continuent d’être piétinés.


Retraite bilan pour la chambre basse




Du 8 au 10 juin 2012, la Chambre des députés organise une retraite au Club Indigo (Bas-Artibonite), au cours de laquelle les députés vont tenter d’esquisser le bilan des deux premières sessions du Parlement. Ils tenteront du même coup, de réfléchir sur les nouvelles manières de faire, afin de corriger les erreurs du passé.

Cette initiative de la Chambre basse a pour objectif principal d’améliorer le bilan législatif des prochaines sessions. Elle a bénéficié d’un appui technique et logistique de l’Institut International pour la Démocratie et l’Assistance Électorale (IDEA International) que dirige Mme Marie-Laurence Jocelyn Lassègue en Haïti et de Development Alternatives Inc (DAI), dirigé par Mme Géraldine Pelzer.

À l’ouverture de ce séminaire qui a eu lieu vendredi en présence des membres de la presse, une cinquantaine de députés étaient présents afin de prendre part aux activités qui se dérouleront autour de trois thèmes principaux: « Organisation du travail parlementaire » ; « Protocole et éthique » ; « Procédure et menu législatifs », a constaté sur place Haiti Press Network.

À l’issue d’une conférence de presse qui a marqué l’ouverture des activités, Madelain Fils-Amé, secrétaire général de la chambre, a fait son exposé sur le thème : « Organisation du travail parlementaire ».

Ensuite, les députés se sont regroupés en ateliers de travail.

Le président de la Chambre basse, Levaillant Louis-Jeune qui a lancé formellement les journées de retraite, a fait comprendre la nécessité d’organisr ces genres de retraite. Il a également mis en exergue l’importance de la formation continue qui, selon lui, est un outil important pour un parlementaire.

« Le bilan des deux premières sessions de la Chambre des députés, plus précisément l’exercice 2011-2012, n’est pas tout à fait satisfaisant.

Grâce à cette retraite, nous comptons faire mieux pour la nouvelle session qui s’ouvrira le lundi 12 juin de l’année en cours », a laissé entendre le vice-président de la Chambre basse.

Notons que la fermeture de cette retraite parlementaire sera agrémentée le dimanche 10 juin de la présence du Premier ministre Laurent Salvador Lamothe qui, selon l’agenda des activités, aura à prononcer un discours pour la circonstance.


dimanche 3 juin 2012

Face à Face Martelly et groupe des Neuf






La publication du texte portant révision de la Constitution de 1987 sera faite au début du mois de juin. C’est ce qu’a annoncé le porte-parole du président Martelly, Lucien Jura. Plus d’un an après avoir rapporté le document qui avait été publié par son prédécesseur, le chef de l’État change de position. Les raisons de ce revirement demeurent encore inconnues. Certains analystes y voient la patte de l’international.

Toutefois, selon certains spécialistes en droit, notamment Monferrier Dorval, l’amendement « n’était jamais sortie de vigueur ». « Un arrêté ne peut rapporter une loi constitutionnelle », avait alors agité le docteur en droit public dans son plaidoyer. Les tractations autour de cette loi sont légion. Les coups bas aussi. Quel a été le nouveau deal à la base de cette republication du texte ? Nul ne sait. Plusieurs commissions avaient déjà travaillé sur une reconstitution de la séance de l’Assemblée constituante. Aucun des travaux n’a été publiquement adopté. D’ailleurs, Simon Dieuseul Desras avait lancé une mise en garde à ces groupes qu’il accusait de vouloir se substituer au Parlement.

Le porte-parole de la présidence n’a pas mentionné si des corrections avaient été apportées au document. Dans un premier temps, le pouvoir Martelly avait estimé que le texte avait été falsifié. Pourtant, dans un second temps, lorsque les rapports se sont dégradés avec le Parlement, l’amendement a servi d’instrument de chantage. Plusieurs promesses de publication ont été faites. Qui n’ont jamais été tenues. Peut-on publier un texte qui ne traduit pas la déclaration d’amendement demandée par l’équipe sortante ? Et M. Martelly a-t-il le droit de publier un amendement qu’il n’a pas lui-même commandité ?

La résistance s’organise…

Neuf sénateurs, parmi lesquels les huit qui ont abandonné la séance de ratification de Laurent Lamothe, se sont opposés à la publication de l'amendement. Anick François Joseph a rappelé à l’exécutif que seule l'Assemblée nationale avait la compétence de corriger ou de modifier la Constitution ou d’amender un texte de loi. Ces amendements seraient nuls, puisqu’ils furent entachés d'irrégularités et de fraudes diverses, a expliqué le sénateur de l’Artibonite.

Jeu d’intérêts, pressions internationales. Les causes avancées par les neuf alliés, qui motiveraient cette publication, sont diverses. Ils invitent le Président à attendre la fin de la législature pour soumettre une autre proposition d’amendement et rentrer ainsi dans la légalité. Entre autres, les neuf pressent le chef de l'État de former un nouveau Conseil électoral provisoire pour organiser les prochaines élections municipales et sénatoriales.

Retour aux valeurs d’antan

« Martelly n’a pas de projet », il a des idées, selon Andris Riché, qui place le plaidoyer des neuf au-delà d’une simple affaire de publication d’amendement. « N’étant pas un homme de parti, le Président ne va pas pouvoir avancer », prédit-il. Il s’enlise. Le pays serait dirigé par des slogans et des saupoudrages des problèmes réels par des actions personnelles éphémères. La première année du mandat de M. Martelly serait aussi un appendice de la campagne électorale, à entendre M. Riché. Le Président n’a pas les moyens de sa politique. Tout doit se faire suivant un plan, soutient-il, pour éviter de construire un « État d’assistanat ».

Il faut redonner confiance à l’Haïtien. La folie ambiante envahit l’esprit des gens, et les valeurs de jadis se perdent. Toute la structure de l’État vacille. « Tout le monde est à vendre dans ce pays. Et tente de profiter des situations faciles. » L’opportunisme prend le pas sur le travail, déplore Andris Riché. La corruption grandit avec cette attitude attentiste. L’espoir est ailleurs. Le dilettantisme politique gagne toute la population. Notre dignité de peuple s’évapore. Lentement.

Andris Riché déplore le comportement de ses pairs, qui discrédite le Grand Corps. « Un Sénateur, autrefois ce fut un homme honorable. Un symbole de moralité. » Aujourd’hui, c’est une personnalité quelconque, en mal d’image. Le tour joué à Kelly C. Bastien lors de la formation du gouvernement Lamothe montre à clair, estime Riché, que le respect des gens a régressé. Le patriotisme ne signifie plus rien. C’est à la base qu’il faut aller chercher la solution au mal qui nous ronge, croit-il. « Nous avons créé un État, mais pas un État-nation ». Le projet commun n’existe donc pas.

L’Haïtien n’est plus fier. Pourtant être haïtien fut un titre honorifique, gagné par nos ancêtres à la sueur de leur front. L’idéal de 1804 est foulé au pied. Les pressions exercées sur le Président pour publier l’amendent, c’est une autre manière, dénonce Andris Riché, de donner à l’étranger un outil de domination de plus, après la loi d’urgence de 2010. « Les dirigeants de ce pays ont tellement de choses à cacher, pour plaire à l’international et éviter d’éventuelles représailles, qu’ils sont prêts à tout ». Jusqu’à hypothéquer l’avenir de leurs compatriotes pour sauver leur peau, a martelé Riché.

« Le projet démocratique de 1986 a été saboté.» Seul un rassemblement des forces progressistes de ce pays autour d’un contrat social bien défini, prône Riché, peut aider à matérialiser notre légende « l’Union fait la force ». Divisé, le Sénat est de plus en plus fragilisé et risque de se dissoudre en cas de démission de certains sénateurs. Un plan serait déjà en branle. En tout cas, l’élu de la Grand-Anse dénonce cette stratégie honteuse en prônant l’unité, et la création d’un nouveau projet de société. Encadré: les noms des 9 sénateurs Steven Benoit Andris Riché Moïse Jean Charles Wesner Polycarpe Jean Baptiste Bien-Aimé Anick François Joseph Jean William Jeanty Francisco De Lacruz Franky Exius
Lionel Edouard doulion29@yahoo.fr
Source: Le Matin

Situation en chiffres du commerce bilatéral Haïti-Québec


 
Le séisme de janvier 2010, a influé grandement sur les données économiques d’Haïti : recul de la croissance économique et des exportations et croissance exceptionnelle des importations et des investissements directs étrangers liés à la reconstruction. Les échanges de biens entre Québec et Haïti se sont élevés à 26,8 millions de dollars, soit une hausse de 84,0 % par rapport à 2009. Haïti est le 107e partenaire commercial du Québec au monde.

Exportations du Québec :
Haïti est le 73 ème client du Québec au monde. 52,3 % de toutes les exportations canadiennes proviennent de la Belle Province. En 2010, les exportations du Québec, de biens à destination d’Haïti, se sont élevées à 25,1 millions de dollars [106% de hausse par rapport à 2009, en raison des exportations de matériel pour la reconstruction]. En 2010, les produits dominants les exportations du Québec vers Haïti, étaient : les ouvrages de menuiserie, les pièces de charpente pour construction en bois (49,9 % du total), les turboréacteurs, les turbopropulseurs et autres turbines à gaz (9,5 %), les abats comestibles de bovins, de porcs, etc. (3,6 %), les vis, les boulons, les écrous, les tire-fonds et les articles similaires en fonte, en fer ou en acier (3,2 %) ainsi que les voitures de tourisme et autres véhicules pour le transport de personnes (2,6 %). En 2011, (sur une période de 11 mois), les exportations à destination d’Haïti ont baissé de 4,4 % par rapport à la même période en 2010.

Importations du Québec :
Haïti est le 122e fournisseur du Québec au monde. En 2010, les importations de biens dédouanées au Québec [qui représentent 6,6 % de toutes les importations canadiennes] en provenance d’Haïti s’élevaient à 1,7 millions de dollars, ce qui représente une baisse de 28,1 % par rapport à 2009. En 2010, les produits dominants des importations canadiennes dédouanées au Québec, en provenance d’Haïti, en 2010, étaient : les T-shirts et les maillots de corps en coton (20,6 % du total), les goyaves, les mangues et les mangoustans frais (15,0 %), les survêtements de sport, les combinaisons et les ensembles de ski (12,2 %), les cuirs et les peaux de bovins et d’équidés (6,4 %) ainsi que les chemises et les chemisettes pour hommes (6,3 %). En 2011, (sur une période de 11 mois), les importations en provenance d’Haïti ont augmenté de 43,6 % par rapport à la même période en 2010.

Perspectives du FMI pour Haïti :
Le Fonds monétaire international (FMI) anticipe une croissance du PIB de 6,1 % en 2011 et de 7,5 % en 2012 et une accélération de l’inflation estimée à 7,3 % en 2011 et 8,0 % en 2012. Concernant les exportations, le FMI anticipe une hausse de 26,8 % et une baisse du volume des importations de 8,6 %. Les investissements directs étrangers ont presque triplé en 2010, passant de 38 M$ US à 150 M$ US, selon la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED)


Propos de Laurent Lamothe sur les relations internationales d’Haïti




Ce mercredi, en Conseil des Ministres, le Premier Ministre, Laurent Lamothe également Ministre des Affaires Étrangères, a résumé la situation et les progrès réalisés par Haïti en terme de relations étrangères, parlé de ses objectifs et donné un aperçu des prochaines participations d’Haïti sur la scène internationale.



« [...] en ce qui à trait à la situation des relations des affaires étrangères, je considère que d'où nous venons, à où nous en sommes maintenant, nous avons fait beaucoup de progrès sur différents aspects. 

Premièrement, nous avons réussi à réaffirmer les relations avec les pays traditionnels. Nous entretenons d'excellentes relations avec nos partenaires et nous affirmons que le nouveau Gouvernement haïtien, veut participer beaucoup plus dans les prises de décisions en faveur de sa destiné...

[...] nous avons redynamisé les relations Sud-Sud et pour la première fois de l'histoire, Haïti est membre de l'Union Africaine, ce qui va nous ouvrir beaucoup de portes sur le continent africain. Nous avons un plan d'action que nous allons développer sur l'Asie, afin qu'Haïti puisse bénéficier de toutes les relations bilatérales, en terme de revenus. Nous avons déjà pu constater, qu'un pays comme la Corée du Sud que j'ai visité, s’est déjà réengagé en Haïti. Nous allons également redynamiser nos relations avec Taïwan, [...] pour que la coopération aille dans le sens des besoins du peuple haïtien et dans le sens des priorités du Gouvernement... Nous voulons que notre Politique Générale, soit la boussole de tous les coopérants. 

Nous avons également nommé, à travers le parlement, 11 différents ambassadeurs. Nous allons en envoyer 5 autres, pour qu'Haïti ait des représentations dignes. Le profil des diplomates a également été ajusté et est basé sur les priorités du Gouvernement Martelly-Lamothe, qui est une Diplomatie d'Affaire et de développement, afin d’attirer l'investissement privé et être capable de mettre le pays au niveau que nous avons défini. 

Nous allons participer au 42e Sommet de l'OEA qui se tiendra en Bolivie à Cochabamba, nous allons également participer au sommet RIO+20 où nous serons représentés par le Président de la République. Il y a plusieurs autres requêtes de coopération... Nos avons d'excellentes relations avec les pays de la CARICOM [...] en ce qui concerne les relations multilatérales, je pense que les relations sont meilleures que jamais [...] nous sommes membre du CELAC et nous allons accroître nos relations avec ces pays ; ils ont accepté Haïti comme membre du sommet ibéro-américains, comme nous leur avions demandé... »

Les États-Unis renforcent les capacités du BLTS



Vendredi 1er juin, Daniel Foote, Chargé d’affaires des États-Unis en Haïti et Jean Renel Sanon, le Ministre de la justice, ont signé, à l’Académie nationale de Police [Frères], un accord de partenariat et de donation d’équipements destiné plus précisément au renforcement des capacités du Bureau de Lutte contre le Trafic de Stupéfiants (BLTS). cet accord a été signé en présence de Mme Carole Perez, Assistante adjointe du Secrétaire d’État Américain ; Reginald Delva, Secrétaire d’État à la sécurité publique ; Mario Andrésol, Directeur Général de la Police Nationale d’Haïti (PNH) et de représentants de la Minustah.
Cette donation du gouvernement américain, comprend 16 véhicules, 50 motocyclettes et 500 casques de motos. Ce partenariat avec le BLTS, inclut également la rénovation du Quartier Général du BLTS, 4 salles de classes et un auditorium pour la formation des policiers.
Mario Andrésol, a souligné l’importance de la coopération internationale dans le renforcement de l’institution policière dans la lutte contre les trafiquants, précisant qu’Haïti ne peut mener seul cette lutte « Cette remise de matériels témoigne de la volonté des gouvernements américain et haïtien, de poursuivre cette longue coopération en matière de lutte contre le trafic de stupéfiants [...] Ces véhicules vont améliorer les capacités de la Police Nationale d’Haïti à servir la population, car nous allons mettre en place une force de police plus grande et mieux entrainée... »
Carole Perez, espère que ces équipements vont faciliter la tâche du BLTS et réaffirmé l’engagement des États-Unis à fournir à Haïti, tous les équipements additionnels nécessaires afin que le pays, puisse conduire ses opérations avec succès


LE POUVOIR POLITIQUE SELON MAX WEBER

Le pouvoir politique selon Max Weber Le pouvoir politique, c'est la domination exercée par une personne ou un groupe de personnes dans une société, dans le but d'organiser celle-ci. La cohérence d'un projet politique est assurée par un pouvoir politique qui mène cette action. Ce contrôle peut être fait à l'encontre de la volonté populaire (dictature) ou au nom du peuple, c'est à dire par et pour le peuple (démocratie). A ce niveau, il est questions de systèmes et de régimes politiques, qui méritent deux fiches supplémentaires! Il faut commencer par définir ce pouvoir politique, puis voir quelles formes il peut prendre. On parlera alors ici de régimes et de systèmes (tout de même), mais aussi de domination, de portées anthropologiques, historiques, culturelles, philosophiques... Pour constater, en conclusion, les choses n'ont pas tant évolué ces derniers siècles... Avec, encore une fois, un rapport à l'actualité. Définition La plus utile, et la plus célèbre, c'est celle qu'a énoncée Max Weber dans Le Savant et le Politique (1919) : "Le pouvoir politique, c'est le monopole de la violence légitime". Retenir cela, c'est déjà posséder l'essentiel en la matière... Il s'agit désormais de comprendre ce que cela implique concrètement. La violence légitime, c'est la violence qui est reconnue par tous comme légitime, c'est à dire nécessaire au bon fonctionnement de la communauté. S'il n'y avait pas de violence dite "légitime", n'importe qui pourrait se faire justice soi-même et la loi du plus fort, ou encore du "chacun pour soi" règnerait. Par "violence", il ne s'agit pas que d'aggression physique, mais aussi et surtout de violence symbolique (exemple : un redressement fiscal ne se règle pas avec des coups de bâton...). Hobbes dit que "L'Homme est un loup pour l'Homme" : Le pouvoir politique permet de distribuer plus ou moins équitablement les droits et devoirs entre les citoyens. Et cela passe par l'acceptation collective d'une autorité qui exerce cette violence légitime, c'est à dire cette possibilité de fixer des limites à ceux qui dépassent les règles et empiètent sur la liberté d'autrui ("la liberté de chacun s'arrête là où commence celle d'autrui"...). Chez hobbes, la société organisée est une nécessité pour échapper à un état de nature qui n'engendre que la guerre. Chez Rousseau, ce "contrat social" est un compromis, une régulation entre l'aspect fondamentalement social de l'Homme et sa nature qui, ici, est pensée comme fondamentalement bonne. Donc, l'armée, la police, la justice, sont des instruments de cette "violence légitime", qui permet d'empêcher ou de punir les cas de violence individuelle (interdire de se faire justice soi-même, c'est lutter contre la Loi du plus fort). Mais ils doivent être utilisés dans un cadre juridique, sans quoi ils deviennent, également, illégitimes. Ainsi, ce pouvoir implique, naturellement, qu'un policier qui fait un usage abusif de son arme soit puni. Tout pouvoir qui ne possède pas de contre-pouvoirs est dit "absolu". La violence légitime est une notion positive, qui doit sans cesse (surtout en démocratie) se remettre en question. Bref, une fois que quelqu'un a le pouvoir de taper, on l'écoute... Donc, le pouvoir politique, qui exerce cette domination légitime, est à même de structurer la société, pour le meilleur comme pour le pire. Pour définir ce qu'est la violence illégitime (celle qui doit être combattue pour assurer le respect des droits et devoirs des citoyens), il est important que les bases du pouvoir reposent sur des Lois, sur une juridiction. Le pouvoir politique peut s'exercer de plusieurs manières... Il faut, dès ici, faire la différence entre trois concepts fondamentaux: les types de domination, les sytèmes politiques, et enfin les régimes politiques... ce sont trois facteurs qui peuvent être cumulés entre eux... Les 3 types de domination politique Encore un formidable éclairage que l'on doit à Max Weber... Trois types: - la domination traditionnelle : le chef est chef en raison de ses ascendances divines, de ses pouvoirs mystiques, de son lien avec l'au-delà... Ex : Selon les sociétés, - tribus d'Amazonie : le chaman est, souvent, le chef du village - Egypte Antique : le pharaon est aussi un demi-dieu... - Royaumes européens : le roi possède une légitimité divine, souvent renforcée par des pouvoirs spécifiques (comme ce fut le cas pour les Rois Thaumaturges) Bref, la domination traditionnelle, c'est la fusion originelle de l'occulte et du politique. Celui qui, dans le groupe, peut revendiquer un lien quelqconque avec l'au-delà, se trouve en mesure de revendiquer le pouvoir politique... traditionnel peut-être mais efficace. - la domination charismatique : c'est le "niveau 2" du pouvoir politique : en raison de son comportement héroïque, de son charisme, de l'admiration irrationnelle qu'un être suscite, celui-ci est considéré comme le chef naturel, spontanément plébiscité... Une survivance moderne de cette domination est le moteur du mythe de l'"homme providentiel" (ou de la femme, bien sûr), encore vivace sous notre Vème République. Exemples concrets : - Attila est le meilleur guerrier des Huns? C'est donc le chef des Huns... - Périclès est le meilleur gestionnaire, tacticien, guerrier, orateur et économiste de la Grèce Antique? Il impressionne même les plus fervents partisants de l'aristocratie? Aucun doute, c'est lui qu'il faut à Athènes... - Plus récent, en France... et beaucoup moins glorieux au regard de l'Histoire : Pétain est un héros de 1914? Alors on espère qu'il va nous sauver en 1940... Comme quoi... Et enfin, le type de domination le plus avancé, le plus moderne, le plus... souhaitable : - la domination légale-rationnelle : là, c'est simple, on prend plus compétent, celui qui est à même de gouverner le pays non pas parce qu'il impressionne, mais juste parce qu'il fait bien son travail... - Euh... Roosevelt aux Etats-Unis, Blair en Grande-Bretagne, Churchill, Giscard (qui n'avait pas un super charisme non plus...). Bref, c'est moderne, c'est administratif, ça fait moins rêver mais c'est plus efficace et souvent bien moins violent. Limites Il faut bien garder en tête que ce sont des exemples absolus, et qu'on peut tout à fait combiner les trois... Je cite un exemple ou deux, tout bêtement, pour confirmer que les dispositifs ici évoqués sont encore bien ancrés... - Nicolas Sarkozy dans la campagne présidentielle : Cela fait trois ans qu'on le présente un peu partout comme l'homme de la situation, comme celui que la France attend... Bref, on fait encore une fois appel au "mythe de l'Homme Providentiel". Depuis Napoléon Bonaparte, ce mécanisme caractérise la France ; plutôt que de croire en la force collective et rationnelle, on va chercher à trouver un sauveur (Napoléon, De Gaulle, Pétain, et sûrement, maintenant, Sarkozy, sauf si son bilan est catastrophique). de manière voulue ou non, Nicolas Sarkozy, aujourd'hui investi, porte ces éléments de domination charismatique, que la "monarchie présidentielle" de notre Vème République facilite par sa structure. Bien sûr, N. Sarkozy a été élu sur un programme... Pas la peine d'en rajouter, il y a aussi et surtout de la domination légale-rationelle dans notre système. Et pour ne pas faire de jaloux... - Ségolène Royal dans la campagne présidentielle : A l'heure du marketing politique et du contrôle des symboles, on peut se demander si l'utilisation de l'imagerie populaire religieuse ou, au moins, mythique, ne tient pas des traits d ela domination traditionnelle... Quand on s'habille en blanc sur proposition des conseillers en communication pour rappeler la Vierge Marie, symbole de la protection par excellence, quand on se présente et que l'on se fait présenter comme l'image la plus proche de "Marianne", ne peut-on pas considérer qu'il s'agit de ce ressort? Surtout que, comme Nicolas Sarkozy, elle aussi s'est dite "habitée" par sa mission. Se sentir "élu(e)" avant les échéances, faire référence au divin, comme pouvait le faire auparavant François Bayrou, tient peut-être encore de cette forme première de domination politique. Heureusement, le Pacte Présidentiel de Ségolène Royal est un exemple clair de légal-rationnel. Or elle aussi succomba à la volonté d'incarner la "Femme Providentielle". cette persistance du charismatique est, sous cette forme, une particularité qui, parmi les pays occidentaux, semble toute française. On pourrait passer en revue les autres candidats de 2007, mais je pense que les exemples sont clairs et que chacun pourra trouver quelle est, par exemple, la part d'"Homme Providentiel" exploitée chez José Bové, Jean-Marie Le Pen, François Bayrou ou encore Nicolas Hulot s'il s'était présenté... Voici donc une présentation non exhaustive du pouvoir politique et de sa définition par Max Weber, qui fait loi en la matière. Un petit résumé : Définition principale : Le pouvoir politique, c'est le monopole de la violence légitime (Max Weber). Car c'est seulement si le pouvoir d'état est respecté que la société peut s'organiser autour d'un point unanimement reconnu, et donc avancer, se structurer. Ce même Max Weber énonce trois types de dominations : - Traditionnelle - Charismatique - Légale-rationnelle ---> Ces trois types peuvent se combiner, même s'ils sont ordonnés du plus archaïque au plus moderne et souhaitable. Or l'Homme n'est pas encore prêt à se contenter de domination légale-rationnelle... qui nécessiterait d'abandonner la passion et l'irrationnel en politique...