dimanche 15 avril 2012

Le printemps des arrosages


Le printemps des arrosages


Le Senateur Jean Hector Anacasis



Le sénateur Jean Hector Anacacis a vendu la mèche et cassé le suspense quant à l'issue du processus de ratification de Laurent S. Lamothe au poste de Premier ministre. « C'est très difficile de ne pas voter pour Laurent Salvador Lamothe », a-t-il confié au journal, lundi 9 avril 2012, moins de 24 heures avant la séance du Sénat sur un rapport favorable au chancelier sortant.

Les éléments d'information « troublants » sur la résidence de Lamothe, sur l'utilisation vraisemblable d'un passeport au-delà de sa date d'expiration, présentés dans un autre rapport, celui de la sous-commission immigration, ne nuiront pas au Premier ministre désigné, a laissé entendre Anacacis. « Tout le monde ou presque a été arrosé », a expliqué le sénateur de l'Ouest, bouffon pour certains, boute-en-train et politique avisé pour d'autres. « Il y a des exceptions à toute règle. Des hommes comme Moïse, William, Polycarpe, Benoit ..., n'ont rien accepté de Laurent Lamothe», a nuancé Jean Hector Anacacis.

Si l'issue du vote ne laisse planer aucun doute ou presque, selon ce vieux baroudeur de la politique, officiellement, aucune consigne n'a encore été donnée aux parlementaires des deux grandes structures politiques représentées au Parlement : Inite et Alternative. « Aucune consigne pour le moment », a confié le sénateur de l'Alternative Steven Benoit qui, sans se faire d'illusion sur l'obtention possible d'un vote politique en faveur de Laurent Lamothe, souligne, en revanche, que ce dernier devra s'expliquer sur des anomalies graves relevées dans l'analyse de certaines de ses pièces.

Pas de consigne, mais une position : l'opposition

« L'Alternative tiendra une réunion avec ses élus demain », a révélé le coordonateur de l'OPL, Sauveur Pierre Etienne, membre de cette plate-forme politique. « L'OPL et la KID ne sont pas favorables à une entrée au gouvernement et la Fusion, membre de cette plate-forme n'a pas mal réagi à notre position », a révélé Sauveur Pierre-Etienne, éloquent, dans un épilogue sur le respect d'une position de principe et des vertus de l'opposition politique constructive, responsable et démocratique.
Du côté de Inite, aucune consigne n'a encore été passée. « Inite se réunira demain à 10 heures sur la question », a indiqué le président de la Chambre des députés, nouveau coordonateur de Inite et tombeur de Joseph Lambert, Levaillant Louis-Jeune.

Des affaires et des affaires

Les suspicions et allégations d'un vote favorable en échange de largesses de Laurent S. Lamothe interviennent à un moment où aucune décision officielle n'a encore été annoncée sur les suites à donner aux conclusions de la commission d'audit créée par Gary Conille qui avait révélé des irrégularités dans les contrats signés par l'administration Préval/Bellerive.
Cette commission a confirmé que les procédures de passation de marchés publics n'ont été aucunement respectées, selon une dépêche de Radio Vision 2000. Les intérêts de l'Etat n'ont pas été protégés. La commission d'audit a évoqué 35 contrats passés de gré à gré et 6 autres avec appels d'offres restreints pour plus de 500 millions de dollars. Aucun des bénéficiaires n'a rempli les conditions requises. Après l'analyse des contrats, la commission d'audit a recommandé, entre autres, qu'ils soient suspendus, le temps de vérifier l'état d'avancement des travaux entrepris au regard des décaissements déjà effectués, selon les informations rendues publiques.

« L'analyse préliminaire de ces contrats a permis à la commission de constater un certain nombre d'irrégularités susceptibles de soulever des interrogations quant aux conditions dans lesquelles ils ont été signés. Des irrégularités ayant rapport avec les procédures de passation de marchés publics, la distribution de contrats et la protection des intérêts de l'Etat. Les 6 contrats d'appels d'offres restreints totalisent un montant global de trois cent quarante-huit millions, vingt-cinq mille huit cent quatre-vingt-un dollars et soixante-trois cents (348 025 881, 63). La firme haïtienne CONSTRUCTURA HADOM S.A. a bénéficié de l'un d'entre eux. Il s'agit de celui de la construction du palais législatif pour la somme totale de trente-trois millions sept cent soixante-cinq mille soixante-six dollars et huit cents. Alors qu'il était clairement dit dans le contrat d'appel d'offres que les soumissionnaires devaient avoir au moins 5 ans d'expérience, cette firme, elle, n'avait que 2 ans d'existence au moment de la signature du contrat, le 8 novembre 2010 », avait rapporté cette station.

Réactions

Le rapport n'existe même pas
administrativement. Ne pouvant répondre spécifiquement à un document inexistant, le MPCE, coiffé par Hervé Day, signale cependant que les accusations qui lui ont été rapportées, démontrent simplement une totale ignorance de l'environnement de l'époque et des procédures administratives appliquées dans le cadre de la loi d'urgence.

Dans une note datée du 20 mars 2012, le titulaire du ministère de la Planification et ancien chef de cabinet de l'ancien Premier ministre Jean Max Bellerive avait indiqué que « ces accusations ne font qu'occulter les bénéfices et les retombées positives des travaux entrepris sous son égide pour la population haïtienne. » « Le ministère de la Planification et de la Coopération externe, tout en saluant les légitimes préoccupations concernant la transparence et la lutte contre la corruption, souhaite que le débat serein et nécessaire sur ces questions ne se résume pas à un instrument de déstabilisation à visée exclusivement politique n'ayant que pour objectif les intérêts personnels », selon cette note Jean Max Bellerive, directement indexé dans cette affaire, avait dénoncé un « lynchage médiatique », une « campagne d'intoxication », une campagne de presse commanditée visant à le détruire politiquement. « L'on semble oublier que l'alinéa 2 de l'article 3 de la loi sur les marchés publics stipule clairement:"sont exempts des dispositions de la présente, les marchés publics découlant de l'application de la loi d'urgence", avait souligné Bellerive dans un document.

« Je rappelle que j'étais dans une période couverte par la loi d'urgence et j'étais toujours investi des pouvoirs qui m'autorisaient à engager l'Etat et en recourant à des procédures célères de passation de marchés publics, tels le gré à gré ou les appels d'offres restreints », avait précisé l'ancien patron de la Primature. M. Bellerive a signalé qu'il a déjà requis les services d'un cabinet d'avocats et reste à la disposition des institutions du pays pour répondre à toutes les accusations "qui ont été proférées" à son endroit.

L'ombre de l'affaire Bautista

Si le 5 mars 2012, le RNDDH avait pressé l'ULCC de diligenter une enquête afin de faire la lumière sur ce dossier et punir les éventuels coupables, une affaire, une autre affaire défraie la chronique entre-temps. Et elle n'est pas sans lien avec l'affaire des « contrats irréguliers ».
Portée à la connaissance du public par la journaliste Nuria Piera dans une enquête « Le chemin des millions », les noms de Michel Martelly et de Mirlande Manigat ont été cités comme étant bénéficiaires de largesses du sénateur Félix Bautista.

Si tous les indexés ont démenti en bloc les infos publiées dans l'enquête de la journaliste dominicaine, des zones d'ombre persistent. Officiellement, le comité chargé de collecter de l'argent pour Mirlande H. Manigat du RDNP n'a rien dit. C'est le cas aussi pour l'équipe de campagne de Martelly ayant eu, selon des sources, Laurent Lamothe comme tête pensante et financier.

Entre-temps, si certains sont tentés de dire que le ver est dans le fruit, d'autres, ironiques, comme le sénateur Jean Hector Anacacis, soulignent que « c'est encore le temps des grands arrosages ». Le sésame qui ouvre toutes les portes, celles de la primature dit-on avec une pointe de malice. Dans la presse, dans les salons, les commentaires enflent sur la largesse de Laurent Lamothe qui aurait distribué comme des petits pains des postes dans les représentations d'Haïti à des proches de parlementaires en échange de soutien politique. En voyage à Paris, le chancelier n'a pas pu être joint afin d'avoir ses commentaires...

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LE POUVOIR POLITIQUE SELON MAX WEBER

Le pouvoir politique selon Max Weber Le pouvoir politique, c'est la domination exercée par une personne ou un groupe de personnes dans une société, dans le but d'organiser celle-ci. La cohérence d'un projet politique est assurée par un pouvoir politique qui mène cette action. Ce contrôle peut être fait à l'encontre de la volonté populaire (dictature) ou au nom du peuple, c'est à dire par et pour le peuple (démocratie). A ce niveau, il est questions de systèmes et de régimes politiques, qui méritent deux fiches supplémentaires! Il faut commencer par définir ce pouvoir politique, puis voir quelles formes il peut prendre. On parlera alors ici de régimes et de systèmes (tout de même), mais aussi de domination, de portées anthropologiques, historiques, culturelles, philosophiques... Pour constater, en conclusion, les choses n'ont pas tant évolué ces derniers siècles... Avec, encore une fois, un rapport à l'actualité. Définition La plus utile, et la plus célèbre, c'est celle qu'a énoncée Max Weber dans Le Savant et le Politique (1919) : "Le pouvoir politique, c'est le monopole de la violence légitime". Retenir cela, c'est déjà posséder l'essentiel en la matière... Il s'agit désormais de comprendre ce que cela implique concrètement. La violence légitime, c'est la violence qui est reconnue par tous comme légitime, c'est à dire nécessaire au bon fonctionnement de la communauté. S'il n'y avait pas de violence dite "légitime", n'importe qui pourrait se faire justice soi-même et la loi du plus fort, ou encore du "chacun pour soi" règnerait. Par "violence", il ne s'agit pas que d'aggression physique, mais aussi et surtout de violence symbolique (exemple : un redressement fiscal ne se règle pas avec des coups de bâton...). Hobbes dit que "L'Homme est un loup pour l'Homme" : Le pouvoir politique permet de distribuer plus ou moins équitablement les droits et devoirs entre les citoyens. Et cela passe par l'acceptation collective d'une autorité qui exerce cette violence légitime, c'est à dire cette possibilité de fixer des limites à ceux qui dépassent les règles et empiètent sur la liberté d'autrui ("la liberté de chacun s'arrête là où commence celle d'autrui"...). Chez hobbes, la société organisée est une nécessité pour échapper à un état de nature qui n'engendre que la guerre. Chez Rousseau, ce "contrat social" est un compromis, une régulation entre l'aspect fondamentalement social de l'Homme et sa nature qui, ici, est pensée comme fondamentalement bonne. Donc, l'armée, la police, la justice, sont des instruments de cette "violence légitime", qui permet d'empêcher ou de punir les cas de violence individuelle (interdire de se faire justice soi-même, c'est lutter contre la Loi du plus fort). Mais ils doivent être utilisés dans un cadre juridique, sans quoi ils deviennent, également, illégitimes. Ainsi, ce pouvoir implique, naturellement, qu'un policier qui fait un usage abusif de son arme soit puni. Tout pouvoir qui ne possède pas de contre-pouvoirs est dit "absolu". La violence légitime est une notion positive, qui doit sans cesse (surtout en démocratie) se remettre en question. Bref, une fois que quelqu'un a le pouvoir de taper, on l'écoute... Donc, le pouvoir politique, qui exerce cette domination légitime, est à même de structurer la société, pour le meilleur comme pour le pire. Pour définir ce qu'est la violence illégitime (celle qui doit être combattue pour assurer le respect des droits et devoirs des citoyens), il est important que les bases du pouvoir reposent sur des Lois, sur une juridiction. Le pouvoir politique peut s'exercer de plusieurs manières... Il faut, dès ici, faire la différence entre trois concepts fondamentaux: les types de domination, les sytèmes politiques, et enfin les régimes politiques... ce sont trois facteurs qui peuvent être cumulés entre eux... Les 3 types de domination politique Encore un formidable éclairage que l'on doit à Max Weber... Trois types: - la domination traditionnelle : le chef est chef en raison de ses ascendances divines, de ses pouvoirs mystiques, de son lien avec l'au-delà... Ex : Selon les sociétés, - tribus d'Amazonie : le chaman est, souvent, le chef du village - Egypte Antique : le pharaon est aussi un demi-dieu... - Royaumes européens : le roi possède une légitimité divine, souvent renforcée par des pouvoirs spécifiques (comme ce fut le cas pour les Rois Thaumaturges) Bref, la domination traditionnelle, c'est la fusion originelle de l'occulte et du politique. Celui qui, dans le groupe, peut revendiquer un lien quelqconque avec l'au-delà, se trouve en mesure de revendiquer le pouvoir politique... traditionnel peut-être mais efficace. - la domination charismatique : c'est le "niveau 2" du pouvoir politique : en raison de son comportement héroïque, de son charisme, de l'admiration irrationnelle qu'un être suscite, celui-ci est considéré comme le chef naturel, spontanément plébiscité... Une survivance moderne de cette domination est le moteur du mythe de l'"homme providentiel" (ou de la femme, bien sûr), encore vivace sous notre Vème République. Exemples concrets : - Attila est le meilleur guerrier des Huns? C'est donc le chef des Huns... - Périclès est le meilleur gestionnaire, tacticien, guerrier, orateur et économiste de la Grèce Antique? Il impressionne même les plus fervents partisants de l'aristocratie? Aucun doute, c'est lui qu'il faut à Athènes... - Plus récent, en France... et beaucoup moins glorieux au regard de l'Histoire : Pétain est un héros de 1914? Alors on espère qu'il va nous sauver en 1940... Comme quoi... Et enfin, le type de domination le plus avancé, le plus moderne, le plus... souhaitable : - la domination légale-rationnelle : là, c'est simple, on prend plus compétent, celui qui est à même de gouverner le pays non pas parce qu'il impressionne, mais juste parce qu'il fait bien son travail... - Euh... Roosevelt aux Etats-Unis, Blair en Grande-Bretagne, Churchill, Giscard (qui n'avait pas un super charisme non plus...). Bref, c'est moderne, c'est administratif, ça fait moins rêver mais c'est plus efficace et souvent bien moins violent. Limites Il faut bien garder en tête que ce sont des exemples absolus, et qu'on peut tout à fait combiner les trois... Je cite un exemple ou deux, tout bêtement, pour confirmer que les dispositifs ici évoqués sont encore bien ancrés... - Nicolas Sarkozy dans la campagne présidentielle : Cela fait trois ans qu'on le présente un peu partout comme l'homme de la situation, comme celui que la France attend... Bref, on fait encore une fois appel au "mythe de l'Homme Providentiel". Depuis Napoléon Bonaparte, ce mécanisme caractérise la France ; plutôt que de croire en la force collective et rationnelle, on va chercher à trouver un sauveur (Napoléon, De Gaulle, Pétain, et sûrement, maintenant, Sarkozy, sauf si son bilan est catastrophique). de manière voulue ou non, Nicolas Sarkozy, aujourd'hui investi, porte ces éléments de domination charismatique, que la "monarchie présidentielle" de notre Vème République facilite par sa structure. Bien sûr, N. Sarkozy a été élu sur un programme... Pas la peine d'en rajouter, il y a aussi et surtout de la domination légale-rationelle dans notre système. Et pour ne pas faire de jaloux... - Ségolène Royal dans la campagne présidentielle : A l'heure du marketing politique et du contrôle des symboles, on peut se demander si l'utilisation de l'imagerie populaire religieuse ou, au moins, mythique, ne tient pas des traits d ela domination traditionnelle... Quand on s'habille en blanc sur proposition des conseillers en communication pour rappeler la Vierge Marie, symbole de la protection par excellence, quand on se présente et que l'on se fait présenter comme l'image la plus proche de "Marianne", ne peut-on pas considérer qu'il s'agit de ce ressort? Surtout que, comme Nicolas Sarkozy, elle aussi s'est dite "habitée" par sa mission. Se sentir "élu(e)" avant les échéances, faire référence au divin, comme pouvait le faire auparavant François Bayrou, tient peut-être encore de cette forme première de domination politique. Heureusement, le Pacte Présidentiel de Ségolène Royal est un exemple clair de légal-rationnel. Or elle aussi succomba à la volonté d'incarner la "Femme Providentielle". cette persistance du charismatique est, sous cette forme, une particularité qui, parmi les pays occidentaux, semble toute française. On pourrait passer en revue les autres candidats de 2007, mais je pense que les exemples sont clairs et que chacun pourra trouver quelle est, par exemple, la part d'"Homme Providentiel" exploitée chez José Bové, Jean-Marie Le Pen, François Bayrou ou encore Nicolas Hulot s'il s'était présenté... Voici donc une présentation non exhaustive du pouvoir politique et de sa définition par Max Weber, qui fait loi en la matière. Un petit résumé : Définition principale : Le pouvoir politique, c'est le monopole de la violence légitime (Max Weber). Car c'est seulement si le pouvoir d'état est respecté que la société peut s'organiser autour d'un point unanimement reconnu, et donc avancer, se structurer. Ce même Max Weber énonce trois types de dominations : - Traditionnelle - Charismatique - Légale-rationnelle ---> Ces trois types peuvent se combiner, même s'ils sont ordonnés du plus archaïque au plus moderne et souhaitable. Or l'Homme n'est pas encore prêt à se contenter de domination légale-rationnelle... qui nécessiterait d'abandonner la passion et l'irrationnel en politique...