Education




 1

PRÉSENTATION

 L'histoire de l',enfance,  histoire des soins et des sentiments accordés aux enfants, et de l’évolution du statut que les sociétés occidentales leur octroient.
Jusqu’à une époque récente, il n’existe pratiquement aucun écrit d’enfant ; par conséquent, l’histoire de l’enfance est, avant tout, une histoire du regard que les adultes ont porté sur les enfants. De fait, pour la plupart des périodes, l’enfance n’est connue de l’historien que par le filtre des pédagogues, des législateurs et ou des artistes.
Mais comme la majorité de ces écrits et portraits s’attardent sur l’enfant des milieux privilégiés — le cas de la jeunesse de Louis XIII, fortement détaillée, est évocatrice de cet intérêt — l’historien doit souvent avoir recours aux résultats de l’archéologie et à une documentation indirecte pour établir une histoire de ces enfances. À ces informations diffuses s’ajoute le problème de la définition de l’enfance : s’arrête-t-elle avec l’âge traditionnel de raison (sept ans), avec la capacité de travailler ou avec la majorité civique comme nous l’entendons aujourd’hui ? Afin de n’en exclure aucune, toutes ces enfances vont, en définitive, être retracées.



2

LE « SENTIMENT DE L’ENFANCE »
Éducation des enfants
Éducation des enfants, les filles apprennent à filer, les garçons à se battre, enluminure du xv e siècle extraite du Livre des bonnes mœurs de Jacques Le Grant. Musée Condé, Chantilly.
Gianni Dagli Orti/Corbis
À la suite des travaux pionniers de Philippe Ariès (l’Enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime, 1960), l’historien a considéré que l’enfance était un concept mal défini avant le xviiie siècle et qu’il était pratiquement impossible d’en faire l’histoire. En outre, il pensait que les parents des siècles passés, dans un contexte de très fortes natalité et mortalité infantile, restaient relativement indifférents à leurs nombreux et éphémères enfants, autrement dit qu’ils n’avaient pas « le sentiment de l’enfance ».
Depuis quelques années, la majorité des chercheurs a complètement remis en cause ces premiers résultats d’étude ; les historiens ont montré qu’il ne fallait pas juger l’enfance dans l’histoire à l’aune de nos valeurs contemporaines, mais qu’il convenait, en faisant preuve de relativisme culturel et en abandonnant l’idée d’un progrès continu dans le domaine de l’histoire des mentalités, d’observer l’enfance dans son contexte démographique, social et religieux. Ainsi, les chercheurs peuvent aujourd’hui affirmer que, de tout temps, les parents ont manifesté, selon les valeurs en cours, un intérêt et des sentiments à l’égard de l’enfance. ( à suivre )



3

L’ENFANT DANS L’ANTIQUITÉ

3.1

En Grèce
Apollon de Melos
L'enfant est peu représenté dans l'art antique ; le jeune homme ou la jeune fille, symbole de l'esthétisme grec, requiert bien plus les faveurs des artistes. Comme l'illustre l'Apollon de Melos, le kouros (« jeune homme » en grec) est généralement représenté nu, debout, la jambe gauche avancée pour figurer le mouvement de la marche et les bras tendus le long du corps. Apollon de Melos, v e siècle av. J.-C. Musée national archéologique, Athènes.
Art Resource, NY
Dans la Grèce antique, la communauté citadine semble avoir une considération limitée pour l’enfant, jugé trop fragile et non productif. Ainsi, à Sparte (viiie-vie siècle av. J.-C.), cité guerrière par excellence, les enfants nés handicapés sont systématiquement tués. En revanche, les enfants valides sont élevés dans l’oikos (maison) jusqu’à l’âge de sept ans, puis quittent le foyer parental pour recevoir une éducation de groupe (agélai) qui vise à assurer leur socialisation et leur soumission au chef. Outre l’apprentissage de la lecture, de la rhétorique, du chant ou de la danse, la stricte éducation « à la spartiate » consiste essentiellement à endurcir le corps : l’enfant doit affronter le froid et la faim, multiplier les exercices physiques (chasse, lutte, attaques nocturnes, etc.), autant d’activités qui doivent le former à sa future condition guerrière de citoyen.
Dans la cité athénienne (vie-ive siècle av. J.-C.), les conditions de l’enfant sont plus favorables. La naissance donne lieu à des réjouissances dans la cité : « la fête du dixième jour » est un rituel d’intégration au cours duquel le nouveau-né, âgé de dix jours, est déposé à l’extérieur de la maison, avant que son géniteur le montre à la communauté, le reconnaisse publiquement comme son fils légitime et lui donne un nom. L’enfant est ensuite présenté et inscrit dans une phratrie (ensemble des individus qui se réclament d’un ancêtre commun). Il passe ses premières années dans sa famille, allaité jusqu’à deux ou trois ans, ne manquant pas d’amour, se livrant souvent à des jeux comme la balançoire, le cerf-volant, le saut à la corde, la balle, la toupie ou la poupée. La fille reste généralement dans la maison paternelle jusqu’à son mariage, tandis que le garçon, dans les milieux aisés (seuls milieux vraiment éclairés par les sources), va à l’école. À dix-huit ans, le jeune homme est inscrit, comme tout citoyen athénien, sur les registres du dème. Il devient éphèbe et est alors considéré comme un citoyen à part entière.

3.2

À Rome
Les sentiments des Romains à l’égard de leurs enfants sont tout autant ambivalents ; ces derniers peuvent être aimés et chéris ou méprisés et délaissés, ce qui permet des réactions aussi diverses que l’avortement, l’infanticide ou l’abandon d’enfants. Effectivement, signe sans doute d’une pratique courante de l’avortement, certaines nécropoles fouillées par les archéologues présentent un taux important d’enfants proches du terme parmi la population inhumée. De plus, il est exceptionnel que les enfants morts avant l’âge d’un an soient notés dans les textes ou sur les tombes ; il semble que certains cadavres sont même utilisés pour interroger l’au-delà, comme si le tout-petit décédé, à peine entré dans ce monde, garde un lien étroit avec les forces de l’invisible.
En fait, dans la société romaine, la puissance paternelle (patria potestas) est si forte que le législateur octroie au père le droit de vie et de mort sur son enfant. Ainsi, immédiatement après la naissance, le chef de famille, en signe de reconnaissance, prend le bébé dans ses bras et l’élève ; si c’est une fille, il la met au sein maternel. Lorsqu’il ne procède pas à ces gestes rituels, il ne reconnaît pas l’enfant, qui peut alors être tué ou rendu à la condition servile. Chez les plus démunis, l’infanticide ou l’abandon permet d’éviter d’avoir une bouche supplémentaire à nourrir ; dans les familles aisées, ces pratiques permettent de ne pas trop émietter le patrimoine familial. C’est donc un mode ordinaire de régulation des naissances, et il est rare que les familles romaines, tous niveaux sociaux confondus, aient plus de deux ou trois enfants.
D’une manière générale, l’enfant romain se définit par toute une série d’incompétences dévalorisantes. L’infans (« qui ne parle pas », qui fari non potest) est jugé comme un être imparfait au regard de l’adulte : petite taille, absence de parole ou parole mal contrôlée, incapacité à marcher, à être autonome. Mais cela n’empêche pas, au cours de l’Empire romain, l’essor d’une attention affective et institutionnelle. Ainsi, le vocabulaire servant à désigner l’enfant, aux différents âges de la vie, se diversifie et traduit souvent des signes d’affectivité. Certaines qualités qui lui sont reconnues jouent en sa faveur, comme son innocence et son état de grande pureté.
Chez les Romains, l’enfant noble est rarement nourri par sa mère : son berceau est placé dans la chambre d’une nourrice qu’il quitte après son sevrage, vers l’âge de deux ou trois ans. Durant les deux premiers mois de son existence, il est serré très fort dans des bandelettes, afin que son corps ne se déforme pas. À partir de la pueritia (après l’âge de sept ans), on s’occupe de l’éducation de son corps et de son l’esprit : règles de maintien, apprentissage des bonnes manières.


4

L’ENFANT MÉDIÉVAL
Du fait du manque d’hygiène, de la malnutrition et des maladies infantiles face auxquelles la médecine reste impuissante, la mortalité infantile est toujours très importante durant le Moyen Âge ; des estimations laissent à penser que 30 p. 100 des nouveau-nés meurent avant d’atteindre l’âge d’un an et que la très forte fécondité (il n’est pas rare pour une femme de mettre au monde plus de dix enfants) permet à peine le renouvellement des générations.

4.1

L’image du nouveau-né
À l'époque médiévale, le nouveau-né — symbole de pureté et d'innocence — est souvent assimilé au Christ-enfant et l'amour maternel à celui de la Vierge.Jacopo Bellini, la Vierge d'humilité et l'Enfant adorés par Lionello d'Este, v. 1440. Huile sur bois, 60,2 × 40,1 cm. Département des peintures, musée du Louvre, Paris.
Scala/Art Resource, NY
C’est sans doute la raison pour laquelle l’époque médiévale hérite de la double vision antique de l’enfance : la première, abondamment développée par saint Augustin, insiste sur les incapacités, imperfections et infirmités de l’enfant, forçant les analogies avec le nain pour sa petite taille, le fou ou l’homme ivre pour son manque de raison, la femme pour sa parole incontrôlée. L’autre image, très positive, met au contraire l’accent sur la pureté et l’innocence de l’enfant.
Incontestablement, le christianisme a tendance à renforcer cette seconde conception. Dès le haut Moyen Âge, un ensemble de lois, accentuant une tendance déjà sensible au Bas-Empire dans les sociétés romaines et germaniques, vise à protéger l’enfant : pour exemple, interdiction est faite à partir du ive siècle, sous peine d’excommunication ou de mort, de pratiquer l’avortement ou l’infanticide. Les condamnations récurrentes au cours du haut Moyen Âge renseignent autant sur une réelle volonté de protéger l’enfance que sur la réalité de pratiques abortives, voire d’infanticides, conséquences d’une époque particulièrement troublée par les invasions, les pestes et famines.
En particulier, le tout petit enfant, celui qui n’a pas encore l’usage de la parole, est fortement valorisé tout au cours du Moyen Âge. S’il a reçu le baptême — n’ayant pas encore commis de péchés personnels —, il est considéré comme un être sacré, innocent et impeccable, symbole de pureté et d’innocence. Aussi, s’appuyant sur les paroles scripturaires — « De la bouche des tout-petits et des nourrissons, tu t’es ménagé une louange… » (Évangile selon saint Matthieu, XXI, 16) —, les hommes du Moyen Âge aiment-ils à développer des analogies entre le Christ et le nouveau-né, à faire parler l’infans pour transmettre la parole divine.

4.2

L’amour maternel
Vierge à l'Enfant
À un amour figé de la mère pour son enfant au Moyen Âge succède une représentation de la tendresse maternelle dans les arts de l'époque moderne. La Vierge à l'Enfant est l'un des thèmes de prédilection de Luis de Morales, créateur d'une madone pathétique, au visage ovale et aux paupières lourdes.Luis de Morales, Vierge à l'Enfant, 1568. Huile sur panneau, 84 × 64 cm. Musée du Prado, Madrid.
The Prado Museum, Madrid/Archivo Fotografico Oronoz
L’analogie est significative dans les arts, où l’amour maternel est toujours à l’image de celui que la Vierge porte au Christ-enfant. Les premières représentations, figées, cèdent bientôt la place à une Vierge au sein nu, allaitant elle-même son nourrisson. Il est vrai que la mère se charge souvent de nourrir son enfant et, lorsque son dernier enfant est remis aux bons soins d’une nourrice, celle-ci est choisie pour ses qualités, car la tradition veut que le lait soit perçu comme moyen de transmission des vertus.






4.3

L’éducation et l’enseignement
Un enfant est conduit au monastère par ses parents
Au Moyen Âge, les familles les plus pauvres recourent fréquemment à l'oblation pour assurer un avenir à leur enfant. Placé dans un monastère, il est éduqué et dirigé vers le vœu monastique. Un enfant est conduit au monastère par ses parents, enluminure du xiii e siècle, extraite des Décrets de Gratien. Bibliothèque municipale, Laon.
Gianni Dagli Orti/Corbis
Quels que soient son sexe, son âge ou son rang dans la fratrie, l’enfant médiéval est généralement entouré d’une grande affection par ses proches qui ont le souci constant de son éducation. La première se déroule essentiellement à la maison, aux côtés des parents qui lui enseignent surtout la foi chrétienne — afin d’assurer son salut — et les gestes du métier jusqu’à ce que, de charge, il devienne un acteur économique.
En revanche, dans les milieux chevaleresques, l’enfant est placé, à partir de dix ou douze ans, chez un aristocrate de plus haut rang (souvent l’oncle maternel) pour parfaire son éducation : ce fosterage consiste en la pratique de l’équitation, l’apprentissage de l’art de la chasse et du maniement des armes. Les plus pauvres peuvent avoir recours à l’oblation pour assurer un avenir à leur progéniture : l’enfant est placé dans un monastère qui l’éduque et le dirige vers le vœu monastique. Enfant donné de façon irrévocable sous les Mérovingiens, l’oblat recouvre sa liberté à défaut de vocation aux débuts de la période carolingienne. Pour les plus aisés existent des écoles, dans les monastères d’abord ou avec un précepteur personnel, puis dans les villes à partir des xiie-xiiie siècles.
Les pédagogues humanistes, sans doute encore plus que leurs devanciers médiévaux, insistent sur la nécessité de différencier les âges, de distinguer des étapes dans l’enfance et donc d’adapter le comportement et le discours de l’adulte en fonction de ces données. D’où un débat important pour définir l’âge d’entrée à l’école, à une époque où celle-ci se développe. De même, en complément de l’enseignement classique (où le latin a une place privilégiée), les humanistes remettent à l’honneur l’exercice physique prôné par les Anciens ; ainsi, vers 1433-1434, l’homme de lettres Leon Battista Alberti écrit que « l’exercice peut beaucoup pour le corps, et encore plus pour l’âme si nous veillons à le pratiquer avec raison ».




5

L’ENFANT À L’ÉPOQUE MODERNE

5.1

Des sources plus nombreuses et diversifiées
À partir du xvie siècle, les documents relatifs à l’enfance deviennent plus abondants : les registres paroissiaux (où sont notés systématiquement baptême et décès des enfants) offrent une source essentielle pour les études démographiques historiques, mais l’historien dispose également des livres de raison, des mémoires, des traités, des sources hospitalières et judiciaires, de l’iconographie, etc.
L’observation de l’enfant se fait plus fine, comme en rend compte le fameux Journal de Jean Héroard, médecin du futur Louis XIII, qui jour après jour — de la naissance du dauphin le 26 septembre 1601 au 30 janvier 1628 — consigne les faits et gestes de l’enfant, puis du jeune homme ; les informations abondent sur le comportement royal, sur son régime alimentaire (les menus de plus de 16 000 repas ont été répertoriés), sur sa croissance physique et motrice et sur son développement psychologique. Cette source inédite justifie l’intérêt porté à l’enfant sous l’Ancien Régime, même si la représentativité de cette étude reste toute relative.




5.2

La mortalité infantile
Baptême d'un enfant catholique
La très forte mortalité infantile motive un baptême rapide du nouveau-né, le sacrement étant reconnu comme une protection supplémentaire contre la mort. Sur cette gravure sur bois, l'enfant emmailloté reçoit d'un prêtre le baptême par aspersion, la pratique ancienne de l'immersion ayant reculé à la suite des nombreux accidents.
THE BETTMANN ARCHIVE
D’un point de vue démographique, alors que l’art d’accoucher et celui de soigner les nouveau-nés bénéficient de nouvelles avancées, la mortalité infantile demeure très élevée. Dans la France du xviiie siècle, sur quatre enfants nés vivants, un meurt avant d’atteindre son premier anniversaire, un autre avant dix ans ; le renouvellement des générations est donc encore difficilement assuré ; puis, parallèlement au léger recul de la fécondité (développement de la contraception dans les familles aisées), une lente et irrégulière baisse de la mortalité infantile s’installe à la fin du xviiie siècle.
La très forte mortalité infantile des xvie-xviiie siècles explique l’importance, qui se perpétue depuis l’époque médiévale, d’aller prier un saint ou la Vierge lors du décès d’un enfant mort sans baptême. Par cette pratique, le défunt doit ressusciter un court instant (« un répit » accordé par Dieu), afin de recevoir le sacrement salutaire qui lui permettra d’accéder au paradis. La présence de très nombreux sanctuaires « à répit » (260 sites ont pu être répertoriés en Europe pour l’époque moderne) est un des nombreux signes d’une très grande affection que les parents portent à l’enfant.




5.3

La petite enfance
Della Robbia (Andrea), Putto
À l'époque moderne, des structures hospitalières pour enfants abandonnés se développent dans les grandes villes. Prenant place dans les écoinçons des arcs rythmant le pourtour de la cour de l'hôpital des Innocents, les médaillons réalisés par Andrea Della Robbia présentent de jeunes enfants à demi emmaillotés dont les figures se détachent sur des fonds bleus uniformes. La douceur du modelé, des postures et des expressions des visages renforce la candeur et la pureté de ces enfants trouvés.Andrea Della Robbia, Putto, 1463-1466. Terre cuite émaillée et vernissée. Hôpital des Innocents, Florence.
Scala/Art Resource, NY
À l’époque moderne, la pratique de la mise en nourrice semble assez courante ; d’abord développée dans les milieux aristocratiques et urbains, elle se popularise au cours du xviiie siècle. Compatible avec le « sentiment de l’enfance », la mise en pension provisoire d’un enfant pour son allaitement ne doit pas être perçue comme un acte de mépris et d’abandon de l’enfant même si, en définitive, le taux de mortalité infantile en est considérablement accru.
De même, l’abandon réel, en relatif essor au cours des xviiie et xixe siècles, est presque toujours motivé par la volonté de parents pauvres qui, ne pouvant nourrir eux-mêmes leur enfant, décident de le confier à des hôpitaux ; d’où le développement de structures hospitalières spécialisées dans l’accueil des enfants abandonnés, comme l'Hôtel-Dieu de la Trinité à Paris (1552) ou l’Œuvre des enfants trouvés de saint Vincent de Paul au xviie siècle. Plus encore qu’aux périodes précédentes, l’abandon perd son caractère d’infanticide pour devenir une sorte d’exposition anonyme d’enfants devant une riche demeure ou un établissement d’accueil d’orphelins.



5.4

L’enfance reconnue
Lawrence (sir Thomas), les Enfants de John Angerstein
Artiste mondain réputé qui excelle dans les portraits de cour, sir Thomas Lawrence illustre au début du xix e siècle l'enfance dorée de l'aristocratie.Sir Thomas Lawrence, les Enfants de John Angerstein, 1808. Huile sur toile, 195 × 146 cm. Département des peintures, musée du Louvre, Paris.
Erich Lessing/Art Resource, NY
Dans l’aristocratie et la bourgeoisie, l’enfant commence à avoir un statut à part entière. Son innocence est alors prise en compte et une nouvelle pudeur familiale cherche à préserver cet état. Signe que l’enfant n’est plus considéré comme un adulte miniature, le garçon se différencie de l’homme par ses tenues, plus féminines : il est vêtu de robes jusqu’à sa maturité.

Première communion
Depuis le xvi e siècle, le sacrement de la première communion marque une étape importante dans la catéchisation de l'enfant.Umberto Negri, Première communion, 1938. Photographie en noir et blanc.
Negri, Brescia/Corbis
Jean-Jacques Rousseau traduit cette nouvelle perception et ce souci de l’enfance dans son ouvrage Émile ou De l’éducation (1762). Le philosophe prône une éducation adaptée, qui est confirmée dans l’enseignement : les institutions scolaires se multiplient, en particulier les collèges (de Jésuites), où s’affirment les notions de niveaux d’étude, de programmes, de progression sur plusieurs années sanctionnée par des examens.
De même, le sacrement de la première communion est réservé à l’enfant. En effet, depuis le début de la lutte entre protestants et catholiques (au xvie siècle), la catéchisation de l’enfant est un enjeu fondamental.




6

L’ENFANT À L’ÉPOQUE CONTEMPORAINE

6.1

Acteur économique de la révolution industrielle
Travail des enfants au xix e siècle
Le travail des enfants est particulièrement utilisé en Grande-Bretagne lors de la révolution industrielle au xix e siècle. Des enfants âgés parfois de 5 ans travaillent jusqu'à 15 heures par jour, dans des conditions souvent dangereuses - en particulier pour les enfants travaillant dans les mines. Les premières lois sociales visant à réglementer le travail des enfants apparaissent, en Grande-Bretagne et en France, dans la seconde partie du xix e siècle.
Hulton Getty Picture Collection
Au xixe siècle comme aux siècles précédents, regard et perception de l’enfant sont doubles. D’une part, avec le développement du capitalisme sauvage, pour lequel les intérêts économiques deviennent prioritaires, on assiste à une exploitation des petits enfants comme jamais sans doute l’histoire (sinon la documentation) ne le laisse voir : enfants travaillant dans les mines ou dans les forges, et surtout dans les manufactures textiles, 15 heures par jour, avec des rémunérations en moyenne quatre fois moins importantes que celles d’un homme. Dans de nombreuses filatures anglaises du début du xixe siècle, la proportion des enfants représente plus du tiers du total des effectifs.
Il faut attendre les années 1830-1840 pour voir une réelle prise de conscience de ce grave problème et une législation visant à protéger les enfants au travail. En France, la loi de 1841 fixe l’âge minimum d’admission des enfants au travail à huit ans et la durée journalière maximum à 12 heures. Celle de 1874 porte l’âge minimum à douze ans (mais conserve les 12 heures journalières) et interdit aux enfants, comme aux femmes, de travailler sous terre. L’utilisation de la main-d’œuvre enfantine n’est certes plus massive à la fin du xixe siècle, mais n’en demeure pas moins importante. Ainsi, en 1874, les usines Schneider du Creusot comptabilisent 323 enfants de moins de seize ans pour 4 882 ouvriers adultes.



6.2

Une législation adaptée
Salle de classe victorienne
L'éducation britannique a toujours été profondément influencée par la notion de classes sociales. L'enseignement est devenu obligatoire sous le règne de Victoria ; en 1870 en effet, l'Elementary Education Act a imposé à l'État de créer des écoles élémentaires, époque que reflète encore cette salle de classe de Sudbury Hall (Derbyshire).
The National Trust Photographic Library
L’Église puis, de plus en plus, l’État se préoccupent de l’éducation, même des tout-petits : infants schools anglaises du début du xixe siècle, salles d’asiles françaises à partir de 1826 puis écoles maternelles créées par la IIIe République après 1882, ou encore jardins d’enfants de Froebel en Allemagne. Partout, des initiatives pédagogiques nouvelles traduisent un intérêt prononcé pour l’enfant, mais également une puissante volonté des pouvoirs publics de prendre en charge les enfants des classes laborieuses car les parents, accaparés par leur travail, n’ont plus le temps nécessaire et l’énergie suffisante pour s’occuper de l’éducation de leurs enfants.
Dans le même temps, la mortalité infantile recule très nettement : de 178 p. 1 000 en 1871-1875, à 95 p. 1 000 en 1921-1925 et 70 p. 1 000 vers 1935. Ce reflux est essentiellement dû aux formidables progrès de l’ère pastorienne (voir Louis Pasteur), à la lutte contre la fièvre puerpérale, à l’utilisation du lait de vache bouilli, à la stérilisation des tétines et des biberons, à l’amélioration de l’hygiène lors de la grossesse, au recul des maladies infectieuses touchant le nourrisson et à la modernisation des hôpitaux et des maternités.
La volonté de sauver la vie de l’enfant à tout prix est également motivée par un souci populationniste. Dans la France de la fin du xixe siècle — cette France qui, sans l’apport de populations étrangères se serait dramatiquement dépeuplée, face aux voisins et aux ennemis allemands très prolifiques (certaines années, le taux de mortalité dépasse le taux de natalité) —, la défense de la fécondité et la lutte contre la mortalité relèvent d’une politique nataliste : la patrie doit être prête à verser le sang de ses enfants lorsque l’heure de la revanche de la guerre de 1870 aura sonné.



6.3

La littérature : miroir des souffrances enfantines 
 le Berceau
Ce tableau de Berthe Morisot témoigne de l'affection et des soins accordés à l'enfant des catégories bourgeoises au xix e siècle ; endormi, le nouveau-né reste sous la surveillance d'une mère attendrie.Berthe Morisot, le Berceau, 1872. Huile sur toile, 56 × 46 cm. Musée d'Orsay, Paris.
Scala/Art Resource, NY
Au xixe siècle, avec le succès de sciences comme la médecine, la psychologie ou la psychanalyse, on entre dans une civilisation tournée vers l’enfance. Jamais les sources ne dévoilent une aussi forte attention accordée à l’enfance. Déjà, la littérature abonde en enfants, certes pas toujours heureux : Fantine et Cosette dans les Misérables de Victor Hugo (1862), le Petit Chose d’Alphonse Daudet (1868), Rémi de Sans famille d’Hector Malot (1873), Jacques Vingtras dans l’Enfant de Jules Vallès (1879), le Roman d’un enfant de Pierre Loti (1890), Poil de carotte de Jules Renard (1894), la Mère et l’Enfant de Charles Louis Philippe (1911) ou la Guerre des boutons de Louis Pergaud (1913).
De plus, les sources émanant directement des enfants (récits autobiographiques, journaux intimes) se multiplient et enrichissent la documentation des spécialistes de l’enfance. Ainsi, le superbe journal tenu entre 1914 et 1918 par Yves Congar (1904-1995), théologien français, témoigne à la fois du vécu d’un jeune enfant durant la Grande Guerre et, face à ses souffrances, de l’attention, de l’amour et de la protection des adultes. De fait, les deux conflits mondiaux— en privant de nombreux enfants de leur père (temporairement ou définitivement) et en anéantissant, après des rafles de tristes mémoires, des enfances dans les chambres à gaz —, ont montré qu’à aucune époque, même celles qui passent pour des périodes plus attentives aux premiers âges, l’enfance n’est à l’abri de la barbarie de l’adulte.


7


L’ENFANT AUJOURD’HUI
Distribution de lait à l'école (France, 1954)
La distribution de lait dans les écoles est initiée en France en 1954 par Pierre Mendès France. Elle s'inscrit dans la campagne menée contre l'alcoolisme auprès des enfants, appelant à substituer l'eau, le lait et les jus de fruits au vin, à la bière et au cidre. Alors que les phénomènes de malnutrition n'ont pas disparu dans la France du début du XXI e siècle, cette pratique civique est toujours d'actualité. Organisée par les mairies, elle est essentiellement financée par l'Union européenne. Mais, faute de moyens financiers suffisants, elle ne concerne que les écoles maternelles et primaires.
Bettmann/Corbis
Le 20 novembre 1959, l’Assemblée générale des Nations unies a proclamé la Déclaration des droits de l’enfant, et 1989 a été décrétée « année de l’Enfance ». Certes, dans les sociétés postindustrielles, la vie de l’enfant est aujourd’hui globalement moins précaire ; des institutions et des établissements sont entièrement tournés vers les besoins de l’enfance. Depuis trente ou quarante ans, de nombreux textes législatifs imposent une haute considération de la condition enfantine et cherchent à lui procurer les conditions optimales (physiques, pédagogiques) pour un développement harmonieux. Si, dans la France des années cinquante, 40 p. 100 des enfants âgés de deux à cinq ans sont scolarisés, ils sont plus de 85 p. 100 aujourd’hui.
Mais, malgré ces avancées, les enfants du quart-monde, toujours plus nombreux, restent dans la misère ; d’autres, dans les pays en développement, sont rabaissés au rang d’esclaves ou de marchandises des réseaux de pédophilie. Des millions d’enfants demeurent exploités, forcés, pour des salaires de misère et sous la menace de férules, de confectionner des ballons de football qui feront rêver des millions d’autres enfants. Par exemple, les enfants de moins de quinze ans représentent actuellement un quart de la main-d’œuvre employée dans les tanneries du Caire ; et toute législation reste impuissante lorsque, de ce travail, dépend parfois la survie d’une famille.
À la fin du xxe siècle, il est à nouveau difficile d’élaborer une histoire générale de l’enfance. Le contraste entre des textes normatifs — qui prévoient ce que l’enfant doit être — et une documentation plus proche de la réalité laisse encore à penser qu’il existe des histoires de l’enfance, ou une histoire des enfances.


                        
                                                               Nouvelle  éducation
Nouvelle, éducation, courant de la pédagogie né à la toute fin du XIXe siècle et prônant la participation active de l'enfant à sa propre formation.
L'innovation essentielle apportée par l'éducation nouvelle réside dans quelques principes simples : cherchant à rendre l'enfant actif, elle part de ses centres d'intérêt, s'efforce de susciter la coopération plutôt que la compétition, privilégie la découverte par rapport à l'exposé. En tenant compte des rythmes de développement de l'enfant, l'éducation nouvelle est davantage conçue comme une hygiène du mental plutôt que comme une accumulation de connaissances pour elles-mêmes.
C'est à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle qu'émergent et se développent les écoles nouvelles en Europe et aux États-Unis, telles que la Casa dei bambini de Rome, fondée en 1904, ou l'Ermitage de Bruxelles (1907), tout comme apparaissent les premiers traités de pédagogie active de John Dewey ou de Maria Montessori. L'éducation nouvelle se structure en Ligue internationale de l'éducation nouvelle en 1921. Ses principaux représentants en France sont Roger Cousinet et Célestin Freinet.






LE POUVOIR POLITIQUE SELON MAX WEBER

Le pouvoir politique selon Max Weber Le pouvoir politique, c'est la domination exercée par une personne ou un groupe de personnes dans une société, dans le but d'organiser celle-ci. La cohérence d'un projet politique est assurée par un pouvoir politique qui mène cette action. Ce contrôle peut être fait à l'encontre de la volonté populaire (dictature) ou au nom du peuple, c'est à dire par et pour le peuple (démocratie). A ce niveau, il est questions de systèmes et de régimes politiques, qui méritent deux fiches supplémentaires! Il faut commencer par définir ce pouvoir politique, puis voir quelles formes il peut prendre. On parlera alors ici de régimes et de systèmes (tout de même), mais aussi de domination, de portées anthropologiques, historiques, culturelles, philosophiques... Pour constater, en conclusion, les choses n'ont pas tant évolué ces derniers siècles... Avec, encore une fois, un rapport à l'actualité. Définition La plus utile, et la plus célèbre, c'est celle qu'a énoncée Max Weber dans Le Savant et le Politique (1919) : "Le pouvoir politique, c'est le monopole de la violence légitime". Retenir cela, c'est déjà posséder l'essentiel en la matière... Il s'agit désormais de comprendre ce que cela implique concrètement. La violence légitime, c'est la violence qui est reconnue par tous comme légitime, c'est à dire nécessaire au bon fonctionnement de la communauté. S'il n'y avait pas de violence dite "légitime", n'importe qui pourrait se faire justice soi-même et la loi du plus fort, ou encore du "chacun pour soi" règnerait. Par "violence", il ne s'agit pas que d'aggression physique, mais aussi et surtout de violence symbolique (exemple : un redressement fiscal ne se règle pas avec des coups de bâton...). Hobbes dit que "L'Homme est un loup pour l'Homme" : Le pouvoir politique permet de distribuer plus ou moins équitablement les droits et devoirs entre les citoyens. Et cela passe par l'acceptation collective d'une autorité qui exerce cette violence légitime, c'est à dire cette possibilité de fixer des limites à ceux qui dépassent les règles et empiètent sur la liberté d'autrui ("la liberté de chacun s'arrête là où commence celle d'autrui"...). Chez hobbes, la société organisée est une nécessité pour échapper à un état de nature qui n'engendre que la guerre. Chez Rousseau, ce "contrat social" est un compromis, une régulation entre l'aspect fondamentalement social de l'Homme et sa nature qui, ici, est pensée comme fondamentalement bonne. Donc, l'armée, la police, la justice, sont des instruments de cette "violence légitime", qui permet d'empêcher ou de punir les cas de violence individuelle (interdire de se faire justice soi-même, c'est lutter contre la Loi du plus fort). Mais ils doivent être utilisés dans un cadre juridique, sans quoi ils deviennent, également, illégitimes. Ainsi, ce pouvoir implique, naturellement, qu'un policier qui fait un usage abusif de son arme soit puni. Tout pouvoir qui ne possède pas de contre-pouvoirs est dit "absolu". La violence légitime est une notion positive, qui doit sans cesse (surtout en démocratie) se remettre en question. Bref, une fois que quelqu'un a le pouvoir de taper, on l'écoute... Donc, le pouvoir politique, qui exerce cette domination légitime, est à même de structurer la société, pour le meilleur comme pour le pire. Pour définir ce qu'est la violence illégitime (celle qui doit être combattue pour assurer le respect des droits et devoirs des citoyens), il est important que les bases du pouvoir reposent sur des Lois, sur une juridiction. Le pouvoir politique peut s'exercer de plusieurs manières... Il faut, dès ici, faire la différence entre trois concepts fondamentaux: les types de domination, les sytèmes politiques, et enfin les régimes politiques... ce sont trois facteurs qui peuvent être cumulés entre eux... Les 3 types de domination politique Encore un formidable éclairage que l'on doit à Max Weber... Trois types: - la domination traditionnelle : le chef est chef en raison de ses ascendances divines, de ses pouvoirs mystiques, de son lien avec l'au-delà... Ex : Selon les sociétés, - tribus d'Amazonie : le chaman est, souvent, le chef du village - Egypte Antique : le pharaon est aussi un demi-dieu... - Royaumes européens : le roi possède une légitimité divine, souvent renforcée par des pouvoirs spécifiques (comme ce fut le cas pour les Rois Thaumaturges) Bref, la domination traditionnelle, c'est la fusion originelle de l'occulte et du politique. Celui qui, dans le groupe, peut revendiquer un lien quelqconque avec l'au-delà, se trouve en mesure de revendiquer le pouvoir politique... traditionnel peut-être mais efficace. - la domination charismatique : c'est le "niveau 2" du pouvoir politique : en raison de son comportement héroïque, de son charisme, de l'admiration irrationnelle qu'un être suscite, celui-ci est considéré comme le chef naturel, spontanément plébiscité... Une survivance moderne de cette domination est le moteur du mythe de l'"homme providentiel" (ou de la femme, bien sûr), encore vivace sous notre Vème République. Exemples concrets : - Attila est le meilleur guerrier des Huns? C'est donc le chef des Huns... - Périclès est le meilleur gestionnaire, tacticien, guerrier, orateur et économiste de la Grèce Antique? Il impressionne même les plus fervents partisants de l'aristocratie? Aucun doute, c'est lui qu'il faut à Athènes... - Plus récent, en France... et beaucoup moins glorieux au regard de l'Histoire : Pétain est un héros de 1914? Alors on espère qu'il va nous sauver en 1940... Comme quoi... Et enfin, le type de domination le plus avancé, le plus moderne, le plus... souhaitable : - la domination légale-rationnelle : là, c'est simple, on prend plus compétent, celui qui est à même de gouverner le pays non pas parce qu'il impressionne, mais juste parce qu'il fait bien son travail... - Euh... Roosevelt aux Etats-Unis, Blair en Grande-Bretagne, Churchill, Giscard (qui n'avait pas un super charisme non plus...). Bref, c'est moderne, c'est administratif, ça fait moins rêver mais c'est plus efficace et souvent bien moins violent. Limites Il faut bien garder en tête que ce sont des exemples absolus, et qu'on peut tout à fait combiner les trois... Je cite un exemple ou deux, tout bêtement, pour confirmer que les dispositifs ici évoqués sont encore bien ancrés... - Nicolas Sarkozy dans la campagne présidentielle : Cela fait trois ans qu'on le présente un peu partout comme l'homme de la situation, comme celui que la France attend... Bref, on fait encore une fois appel au "mythe de l'Homme Providentiel". Depuis Napoléon Bonaparte, ce mécanisme caractérise la France ; plutôt que de croire en la force collective et rationnelle, on va chercher à trouver un sauveur (Napoléon, De Gaulle, Pétain, et sûrement, maintenant, Sarkozy, sauf si son bilan est catastrophique). de manière voulue ou non, Nicolas Sarkozy, aujourd'hui investi, porte ces éléments de domination charismatique, que la "monarchie présidentielle" de notre Vème République facilite par sa structure. Bien sûr, N. Sarkozy a été élu sur un programme... Pas la peine d'en rajouter, il y a aussi et surtout de la domination légale-rationelle dans notre système. Et pour ne pas faire de jaloux... - Ségolène Royal dans la campagne présidentielle : A l'heure du marketing politique et du contrôle des symboles, on peut se demander si l'utilisation de l'imagerie populaire religieuse ou, au moins, mythique, ne tient pas des traits d ela domination traditionnelle... Quand on s'habille en blanc sur proposition des conseillers en communication pour rappeler la Vierge Marie, symbole de la protection par excellence, quand on se présente et que l'on se fait présenter comme l'image la plus proche de "Marianne", ne peut-on pas considérer qu'il s'agit de ce ressort? Surtout que, comme Nicolas Sarkozy, elle aussi s'est dite "habitée" par sa mission. Se sentir "élu(e)" avant les échéances, faire référence au divin, comme pouvait le faire auparavant François Bayrou, tient peut-être encore de cette forme première de domination politique. Heureusement, le Pacte Présidentiel de Ségolène Royal est un exemple clair de légal-rationnel. Or elle aussi succomba à la volonté d'incarner la "Femme Providentielle". cette persistance du charismatique est, sous cette forme, une particularité qui, parmi les pays occidentaux, semble toute française. On pourrait passer en revue les autres candidats de 2007, mais je pense que les exemples sont clairs et que chacun pourra trouver quelle est, par exemple, la part d'"Homme Providentiel" exploitée chez José Bové, Jean-Marie Le Pen, François Bayrou ou encore Nicolas Hulot s'il s'était présenté... Voici donc une présentation non exhaustive du pouvoir politique et de sa définition par Max Weber, qui fait loi en la matière. Un petit résumé : Définition principale : Le pouvoir politique, c'est le monopole de la violence légitime (Max Weber). Car c'est seulement si le pouvoir d'état est respecté que la société peut s'organiser autour d'un point unanimement reconnu, et donc avancer, se structurer. Ce même Max Weber énonce trois types de dominations : - Traditionnelle - Charismatique - Légale-rationnelle ---> Ces trois types peuvent se combiner, même s'ils sont ordonnés du plus archaïque au plus moderne et souhaitable. Or l'Homme n'est pas encore prêt à se contenter de domination légale-rationnelle... qui nécessiterait d'abandonner la passion et l'irrationnel en politique...