vendredi 13 juillet 2012

Nouvelle armée, Martelly avancera avec ceux qui le veulent



Dimitri Hérard (cadet de l’Ecole militaire Eloy Alfaro), saluant le Président Martelly

Encore une fois, la création d'une nouvelle armée revient à l'ordre du jour dans l'agenda présidentiel. Le président de la République dit vouloir avancer avec ceux qui le veulent. Michel Martelly de retour, jeudi, de l'Equateur où il a reçu le soutien de Rafael Corea en ce sens, enverra, la semaine prochaine, une autre délégation en Equateur pour assurer le suivi du dossier.

« De nouvelles Forces armées sont une nécessité pour le pays. » Michel Martelly revient à la charge. Cette fois avec plus de détermination. Le président de la République ne jure que pas la création d’une nouvelle force de défense. Sa dénomination n’est pas le plus important. Il veut aussi tenir ses promesses de campagne et doter le pays de ce corps armé. « Nous regardons des étrangers qui viennent nous donner de la sécurité alors que nous pouvons le faire nous-mêmes », a-t-il dit dans une interview accordée aux journalistes, jeudi, sur le chemin du retour de l’Equateur.

Abord de l’avion des forces aériennes équatoriennes, Michel Martelly rêve de voir son pays doté lui aussi d’une armée avec toutes les infrastructures nécessaires. « Le président Corea nous a donné son support dans notre décision de mettre sur pied une force de défense qui, bien sûr, va remplacer la Minustah. L’Equateur est très, très ouvert. C’est un pays qui n’arrête pas de mettre en évidence les prouesses de nos ancêtres qui ont changé le cour de l’humanité », a affirmé le président haïtien.

Pour lui, parce qu’Haïti avait aidé des pays de l’Amérique latine à prendre leur indépendance, ils ont une redevance envers Haïti. « Il y a des pays qui sont pour, tout comme il y a d’autres qui sont réticents, a reconnu le président Martelly. Ceux qui sont réticents ne peuvent pas empêcher Haïti de réaliser des choses pour elle-même. Mais ils peuvent essayer de décourager ou de ne pas participer financièrement. »

« Il ne s’agira pas de créer une force qui soulèvera la colère de tout le monde où Haïti se retrouvera en face des gens qui essaient de lui rendre la vie dure. On identifie déjà des partenaires qui sont prêts à nous accompagner. La semaine prochaine, le ministre de la Défense, Rodolphe Joazile et Mario Andrésol, le chef de la police nationale, retourneront en Equateur pour faire le suivi de ce dossier », a-t-il indiqué.

Selon le chef de l’Etat, « la récente invasion des hommes en vert (anciens militaires) dans des camps a occasionné le retrait de bon nombre de personnes incluant le président Martelly. Je n’ai pas voulu remobiliser les anciens militaires. On n’avait jamais dit ça. Nous avions dit que nous mettrions sur pied une force qui respectera les critères… »

C’est pourquoi, a-t-il poursuivi, « le ministre de la Défense nous a accompagnés en Equateur. Les autorités équatoriennes nous ont promis de nous donner un appui technique et aussi au niveau de la formation. »

L’armée équatorienne va former des Haïtiens qui en retour, formeront d’autres Haïtiens dans le cadre de la mise sur pied de la nouvelle force que péconise le président Martelly. Le ministre de la Défense va faire le premier travail qui consiste à définir la mission de ce nouveau corps militaire, et à rassurer les partenaires. Le chef de l’Etat se dit conscient qu’il y a des amis qui ne sont pas confortables quand il parle de nouvelles forces.

En revanche, à ceux qui disent que le président Martelly veut former une armée pour l’utiliser ensuite à des fins politiques, le chef de l’Etat leur dit « bonne journée! ».

L’Equateur est déjà très présent en Haïti

Pour un montant d’environ 13 millions de dollars, un contingent d’ingénierie équatorien a fait des travaux remarquables dans le département de l’Artibonite, s’est félicité le chef de l’Etat. Pour lui, c'est ce type de coopération qu’il faut promouvoir. La coopération Sud-Sud. « Je pourrais évaluer à plus de 30 millions de dollars ce que le contingent équatorien a fait. Mais cela n’a coûté que 13 millions. C’est parce qu’à travers ces projets il n’y avait pas de gens qui cherchaient à s’enrichir ni à faire du dilatoire. Plus de 15 kilomètres de route, des ponts, des curage de canaux ont été exécutés. C’est ce modèle de coopération qui est intéressant», a expliqué M. Martelly, soulignant qu’il reste ouvert à toutes autres formes de coopérations.

Malgré cette coopération Sud-Sud dont fait l’éloge le chef de l’Etat, Haïti n’avait jamais eu une représentation en Equateur. « Le président Corea nous a promis un bureau à Quito. Il s’agirait de nommer le personnel qui, lui, va commencer à s’occuper des Haïtiens sans papiers vivant à Quito », a avancé le locataire du palais national

Les autorités équatoriennes ont promis de régulariser la situation des Haïtiens vivant dans des conditions irrégulières, selon Michel Martelly.


Le Président Martelly met la pression sur les Parlementaires



La formation du Conseil Electoral Permanent (CEP) est actuellement la priorité du Gouvernement Martelly-Lamothe. Selon certaines rumeurs, qui circulent au Parlement, l’Exécutif aurait déjà désigné ses 3 représentants et attendrait celle des 3 représentants du corps Législatif et du Pouvoir judiciaire, pour en faire l’annonce.

De son côté, le CSPJ a déjà enclenché le processus de désignation de ses 3 représentants au Conseil Électoral Permanent, en lançant cette semaine, un appel à candidature. Les personnes intéressées doivent soumettre leur candidature au CSPJ entre le 13 et 16 juillet 2012. Me Joseph souligne que l'intégrité, l'honnêteté et la compétence seront les critères privilégiés dans le cadre de ce processus. Les 10 meilleurs candidatures retenues, subiront par la suite un « vetting » afin de s'assurer que les futurs représentants au CEP du Pouvoir Judiciaire ont une réputation au-dessus de tout soupçon.

Pour ce qui est du choix des 3 représentants du Législatif, les deux Chambres sont davantage dans l'affrontement [pour ne pas dire l’impasse] que dans l’initiation d’un processus de sélection. Levaillant Louis Jeune, le Président de la Chambre basse, continu d’affirmer que les députés désigneront 2 représentants et le Sénat 1. Ce que rejette catégoriquement Simon Dieuseul Desras, le Président du Sénat. Autre désaccord les élus s’opposent sur la méthode de désignation. Certains souhaite une désignation en séances plénières séparées, d’autres en Assemblée Nationale...

Devant cette situation de confusion, le Président Martelly a adressée une lettre, le 9 juillet aux Présidents des deux Chambres les invitant à communiquer les noms de leurs trois représentant « [...] J’estime qu’il est nécessaire de toute urgence que le Sénat de la République et la Chambre des députés se réunissent en Assemblée [...] aux fins de choisir, à la majorité des 2/3, conformément aux dispositions prises par l’article 192 de la Constitution de 1987 amendée, les 3 membres qui devront faire partie du Conseil Électoral Permanent (CEP) [...] Il serait vivement apprécié, que la liste des membres choisis par l’Assemblée Nationale, soit transmise à la présidence dans un délai maximum de 8 jours à compter de la réception de la présente [...] »

D’ici, la fin du mois, si les « obstacles » sont surmontés et les délais respectés, le nouveau Conseil Électoral Permanent, pourrait être officiellement constitué. Toutefois, de nombreux acteurs politiques doute de la capacité du gouvernement à tenir le scrutin au cours de cette année, malgré la garantie du Premier Ministre que celles-ci se dérouleront en Novembre, comme prévue. Des rumeurs, laissent entendre qu’en cas de non désignation [dans les délais] des 3 représentants du corps Législatif, le CEP pourrait quand même être opérationnel avec seulement les membres de l’Exécutif et du Pouvoir Judiciaires afin de ne pas compromettre les prochaines joutes

jeudi 12 juillet 2012

Pas de 14ème mois pour les agents de la fonction publique



Le Ministre des Finances Mme. Marie Carmelle Jean Marie
Les agents de la fonction publique ne recevront pas l'allocation dite du 14e mois tel que réclamé par plusieurs parlementaires alors que le projet de budget pour le prochain exercice est en train d'être analysé par ces derniers.

La ministre de l'économie et des finances Marie Carmelle Jean Mary qui intervenait justement à la chambre des députés où le document est à l'étude a aussi fait remarquer que le gouvernement n'a pas les moyens d'augmenter le salaires des enseignants et des policiers.

Dimanche, des enseignants membres de plusieurs syndicats ont menacé de boycotter la rentrée des classes dans la région de Jeremie (sud-ouest) s'ils n'obtienent pas une augmentation de salaire

Pour ce qui est du 14e mois, la ministre Jean Mary a fait remarquer qu'il y a plus de 60.000 fonctionnaires de l'Etat qui reçoivent régulièrement leurs salaires et que l'Etat ne peut pas leur accorder une nouvelle allocation, alors que d'autres fonctionnaires, du privé notamment, ne pourront pas recevoir ce salaire aditionnel.

Nous devons apprendre à vivre avec ce dont nous disposons, a dit Marie Carmelle Jean Mary, faisant savoir que le gouvernement ne peut pas non plus augmenter le salaire des policiers et des enseignants car cela risquerait réduire ses possibilités d'investissement.

Ces décisions annoncées par la ministre des finances risque de se heurter à l'opposition d'un groupe de parlementaires qui évoquaient la necessité que le gouvernement accorde un 14e mois de salaire au fonctionnaires publics et une augmentation du salaires des policiers et des enseignants.

Dimanche à Jérémie des membres de plusieurs organisations syndicales d'enseignants ont rencontré la presse pour informer de leur intention de boycotter la prochaine rentrée scolaire prévue le 3 septembre si leur salaire n'est pas augmenté.

Faisant savoir qu'ils ne reçoivent que 5000 gourdes par mois, ils en réclament aujourd'hui 50 000 . (1dollarUS= 41, 80 gourdes). AHP

Forces armées : Martelly se tourne vers l'Equateur




Le Président Martelly, accompagné du Ministre des Relations extérieures, arrive sur la Place des Héros de l’indépendance équatorienne

Pendant sa visite officielle en Equateur, mardi et mercredi, le président Michel Martelly a profité pour solliciter le soutien de son homologue dans la formation d'une armée. Une demande que Rafael Corea Delgado prend à coeur. Mais avant, il veut continuer dans la formation et le renforcement de la police nationale.

Fanfare. Déploiement impressionnant de la police et de l’armée équatoriennes dans les rues. Michel Martelly a été reçu en Equateur avec tous les honneurs militaires. Accueil chaleureux. Tant de la part des autorités que celle des membres de la population. Partout où il passait les gens lui réservaient des applaudissements et le sourire.

« L’objectif général de ma visite est non seulement de répondre à une invitation du président Corea, mais aussi de renforcer les liens de coopération entre nos deux pays et promouvoir les intérêts fondamentaux du peuple haïtien dans la région de l’Amérique latine », a indiqué le chef de l’Etat haïtien.

Pourtant, il a fallu une question directe d’un journaliste pour savoir que Michel Martelly a sollicité de son homologue son soutien pour la mise sur pied d’une armée. Promesse de campagne. « On va aider dans la formation des cadres militaires pour reconstituer les forces armées en Haïti », a promis le président équatorien Rafael Corea Delgado, soulignant que c’est le président Martelly qui lui en a fait la demande.

Sur ce sujet, ni le ministre de la Défense, Jean Rodolphe Joazile, ni le chef de la police nationale, Mario Andrésol n’ont pipé mot. Cependant, le président Martelly a préféré mentionner les discussions avec M. Corea sur la formation de cadres dans la police nationale.

« Nous avons aussi parlé de la coopération pour la formation des cadres pour la police. Pour mon gouvernement, le renforcement de la police nationale est un point clé pour le progrès du pays. L’Equateur a traditionnellement formé des cadres pour la PNH. Et maintenant, il se montre disposé à continuer ce programme. L’Equateur formera en moyenne 10 à 15 personnes par an », a expliqué M. Martelly.

Le premier mandataire haïtien a également demandé au président Corea d’inciter les investisseurs équatoriens à venir investir en Haïti. « Les investisseurs équatoriens peuvent aller en Haïti, a répondu Rafael Corea, soulignant que son pays n’est pas un grand exportateur de capitaux. Notre coopération va directement de secteur public à secteur public. »

Il s’est félicité du fait que le contingent équatorien dans la Minustah a déjà participé dans la construction de ponts, de routes, dans le curage des canaux d’évacuation, entre autres. Son gouvernement a déjà décaissé 13,5 millions de dollars dans le cadre de la reconstruction du pays, a-t-il dit.

Le président équatorien a souligné le respect de son pays pour Haïti et surtout de leur amitié historique tout en rappelant la contribution de Pétion dans la libération des pays de l’Amérique latine. « Haïti est non seulement le premier pays à avoir pris son indépendance, mais aussi le premier à répondre à l’appel des autres », a-t-il dit. M. Corea a promis de renforcer les liens de coopération entre les deux pays.

Il a appelé à l’union des peuples de la Caraïbe et de l’Amérique latine afin d’atteindre les objectifs de développement. Selon le chef de l’Etat équatorien, son pays va envoyer un contingent de génie militaire qui participera à la reconstruction d’Haïti pour un montant de 15 millions de dollars.

Le président Martelly a visité l’Ecole supérieure militaire Eloy Alfaro où il s’est entretenu à huis clos pendant une vingtaine de minutes avec les responsables. Il a aussi fait une offrande florale en l’honneur des Héros de l’indépendance.

Michel Martelly en a profité pour promettre aux ressortissants haïtiens en Equateur l’établissement d’une ambassade à Quito. Dans la même veine, le président Corea a souligné que son pays a régularisé la situation d’environ 2 000 Haïtiens vivant sur son territoire de façon irrégulière.

Michel Martelly, dans un discours au palais du gouvernement équatorien, a remercié le peuple de ce pays pour son soutien à Haïti après le tremblement de terre du 12 janvier 2010. « L’Equateur est dans le cœur de tous les Haïtiens », a-t-il dit en espagnol, ce qui lui a valu des applaudissements.

Cette visite officielle du chef de l’Etat était aussi l’occasion pour le gouvernement haïtien de signer deux accords avec les autorités équatoriennes, respectivement sur la reconstruction d’Haïti et sur des appuis techniques et scientifiques.

samedi 7 juillet 2012

Diplomatie : Le Président Martelly décoré par l’Université de Panama City



Après avoir laissé le 3ème Sommet des Chefs d’État et de Gouvernement de la Caraïbe à Gros Islet (Ste-Lucie), le Président Michel Martelly s’est rendu vendredi au Panama pour y recevoir une prestigieuse distinction, celle de la « Grande Croix de l’Ordre Gil Colunje » l’une des plus hautes distinctions décernées à un étranger en reconnaissance de son engagement au développement et au redressement de son pays.

Cet distinction a été décernée par l’Unité Académique Internationale de la Faculté de Droit et des Sciences Politiques de l´Université de Panamá, à Panama City et transmet un signal fort qui, selon le Chef de l’Etat haïtien, traduit ses efforts en 13 mois de présidence, d’initier « une nouvelle dynamique constructive, dont le rayonnement suscite la sympathie et la considération de prestigieuses institutions de Nations amies. »

Intervenant sur la tribune de l’Université, le Président Martelly a déclaré « La Grande Croix de l’Ordre Gil Colunje, m’invite, à l’instar de ce héros National du Panama Gil Colunje, intellectuel de haut niveau et romancier, à cultiver avec beaucoup plus de conviction, mon rêve de régénération de mon pays que j’ambitionne de réaliser. » Le Chef de l’État, croit que ce geste de grande considération, magnifie le courage et la résilience du peuple haïtien, meurtri et éprouvé, mais aujourd’hui debout et, plus que jamais, déterminé à se forger un nouvel avenir dans le travail et la dignité.

La cérémonie a aussi permis a M. Gilberto Boutin, Doyen de la Faculté de Droit et des sciences politiques, et à d’autres cadres de l’établissement, dont le Magister Gérardo Maloney, de faire un long rappel du rôle qu’a joué Haïti, à travers l’histoire et l’indépendance des pays de l’Amérique latine. Cette distinction pour le Doyen, est « une façon de témoigner le geste de patriotisme et de relèvement du Président Martelly envers Haïti. »

Cette distinction exceptionnelle vient attirer le regard et susciter l’intérêt du Panama et du monde sur les valeurs constantes de dépassement et d’accomplissement que nous entretenons en Haïti à travers nos efforts quotidiens.

Le Président Martelly a profité de sa présence au Panama, pour visiter le personnel de l’Ambassade d’Haïti et souligner les efforts entrepris, en vue de jeter en Haïti, les bases du véritable développement durable.

En savoir plus sur Gil Colunje :
Gil Colunje est né en septembre 1831. Ecrivain, poète, journaliste et homme politique colombien vivant dans l'actuelle République du Panama, il a commencé le genre du roman au Panama et s’intéressait à l’époque du romantisme. Il est l’auteur du roman « La vérité triomphante ». En tant que politicien, il a occupé divers postes dans l’administration publique, dont celui de Président de l'Etat fédéral du Panama en 1865. Il a également été Juge à la Cour suprême, Ministre des Affaires étrangères de la Colombie, Directeur général de l'Instruction publique, Doyen du Collège de Rosario, Directeur de la Banque de Bogota et Agent financier de la Colombie en Europe.


LE POUVOIR POLITIQUE SELON MAX WEBER

Le pouvoir politique selon Max Weber Le pouvoir politique, c'est la domination exercée par une personne ou un groupe de personnes dans une société, dans le but d'organiser celle-ci. La cohérence d'un projet politique est assurée par un pouvoir politique qui mène cette action. Ce contrôle peut être fait à l'encontre de la volonté populaire (dictature) ou au nom du peuple, c'est à dire par et pour le peuple (démocratie). A ce niveau, il est questions de systèmes et de régimes politiques, qui méritent deux fiches supplémentaires! Il faut commencer par définir ce pouvoir politique, puis voir quelles formes il peut prendre. On parlera alors ici de régimes et de systèmes (tout de même), mais aussi de domination, de portées anthropologiques, historiques, culturelles, philosophiques... Pour constater, en conclusion, les choses n'ont pas tant évolué ces derniers siècles... Avec, encore une fois, un rapport à l'actualité. Définition La plus utile, et la plus célèbre, c'est celle qu'a énoncée Max Weber dans Le Savant et le Politique (1919) : "Le pouvoir politique, c'est le monopole de la violence légitime". Retenir cela, c'est déjà posséder l'essentiel en la matière... Il s'agit désormais de comprendre ce que cela implique concrètement. La violence légitime, c'est la violence qui est reconnue par tous comme légitime, c'est à dire nécessaire au bon fonctionnement de la communauté. S'il n'y avait pas de violence dite "légitime", n'importe qui pourrait se faire justice soi-même et la loi du plus fort, ou encore du "chacun pour soi" règnerait. Par "violence", il ne s'agit pas que d'aggression physique, mais aussi et surtout de violence symbolique (exemple : un redressement fiscal ne se règle pas avec des coups de bâton...). Hobbes dit que "L'Homme est un loup pour l'Homme" : Le pouvoir politique permet de distribuer plus ou moins équitablement les droits et devoirs entre les citoyens. Et cela passe par l'acceptation collective d'une autorité qui exerce cette violence légitime, c'est à dire cette possibilité de fixer des limites à ceux qui dépassent les règles et empiètent sur la liberté d'autrui ("la liberté de chacun s'arrête là où commence celle d'autrui"...). Chez hobbes, la société organisée est une nécessité pour échapper à un état de nature qui n'engendre que la guerre. Chez Rousseau, ce "contrat social" est un compromis, une régulation entre l'aspect fondamentalement social de l'Homme et sa nature qui, ici, est pensée comme fondamentalement bonne. Donc, l'armée, la police, la justice, sont des instruments de cette "violence légitime", qui permet d'empêcher ou de punir les cas de violence individuelle (interdire de se faire justice soi-même, c'est lutter contre la Loi du plus fort). Mais ils doivent être utilisés dans un cadre juridique, sans quoi ils deviennent, également, illégitimes. Ainsi, ce pouvoir implique, naturellement, qu'un policier qui fait un usage abusif de son arme soit puni. Tout pouvoir qui ne possède pas de contre-pouvoirs est dit "absolu". La violence légitime est une notion positive, qui doit sans cesse (surtout en démocratie) se remettre en question. Bref, une fois que quelqu'un a le pouvoir de taper, on l'écoute... Donc, le pouvoir politique, qui exerce cette domination légitime, est à même de structurer la société, pour le meilleur comme pour le pire. Pour définir ce qu'est la violence illégitime (celle qui doit être combattue pour assurer le respect des droits et devoirs des citoyens), il est important que les bases du pouvoir reposent sur des Lois, sur une juridiction. Le pouvoir politique peut s'exercer de plusieurs manières... Il faut, dès ici, faire la différence entre trois concepts fondamentaux: les types de domination, les sytèmes politiques, et enfin les régimes politiques... ce sont trois facteurs qui peuvent être cumulés entre eux... Les 3 types de domination politique Encore un formidable éclairage que l'on doit à Max Weber... Trois types: - la domination traditionnelle : le chef est chef en raison de ses ascendances divines, de ses pouvoirs mystiques, de son lien avec l'au-delà... Ex : Selon les sociétés, - tribus d'Amazonie : le chaman est, souvent, le chef du village - Egypte Antique : le pharaon est aussi un demi-dieu... - Royaumes européens : le roi possède une légitimité divine, souvent renforcée par des pouvoirs spécifiques (comme ce fut le cas pour les Rois Thaumaturges) Bref, la domination traditionnelle, c'est la fusion originelle de l'occulte et du politique. Celui qui, dans le groupe, peut revendiquer un lien quelqconque avec l'au-delà, se trouve en mesure de revendiquer le pouvoir politique... traditionnel peut-être mais efficace. - la domination charismatique : c'est le "niveau 2" du pouvoir politique : en raison de son comportement héroïque, de son charisme, de l'admiration irrationnelle qu'un être suscite, celui-ci est considéré comme le chef naturel, spontanément plébiscité... Une survivance moderne de cette domination est le moteur du mythe de l'"homme providentiel" (ou de la femme, bien sûr), encore vivace sous notre Vème République. Exemples concrets : - Attila est le meilleur guerrier des Huns? C'est donc le chef des Huns... - Périclès est le meilleur gestionnaire, tacticien, guerrier, orateur et économiste de la Grèce Antique? Il impressionne même les plus fervents partisants de l'aristocratie? Aucun doute, c'est lui qu'il faut à Athènes... - Plus récent, en France... et beaucoup moins glorieux au regard de l'Histoire : Pétain est un héros de 1914? Alors on espère qu'il va nous sauver en 1940... Comme quoi... Et enfin, le type de domination le plus avancé, le plus moderne, le plus... souhaitable : - la domination légale-rationnelle : là, c'est simple, on prend plus compétent, celui qui est à même de gouverner le pays non pas parce qu'il impressionne, mais juste parce qu'il fait bien son travail... - Euh... Roosevelt aux Etats-Unis, Blair en Grande-Bretagne, Churchill, Giscard (qui n'avait pas un super charisme non plus...). Bref, c'est moderne, c'est administratif, ça fait moins rêver mais c'est plus efficace et souvent bien moins violent. Limites Il faut bien garder en tête que ce sont des exemples absolus, et qu'on peut tout à fait combiner les trois... Je cite un exemple ou deux, tout bêtement, pour confirmer que les dispositifs ici évoqués sont encore bien ancrés... - Nicolas Sarkozy dans la campagne présidentielle : Cela fait trois ans qu'on le présente un peu partout comme l'homme de la situation, comme celui que la France attend... Bref, on fait encore une fois appel au "mythe de l'Homme Providentiel". Depuis Napoléon Bonaparte, ce mécanisme caractérise la France ; plutôt que de croire en la force collective et rationnelle, on va chercher à trouver un sauveur (Napoléon, De Gaulle, Pétain, et sûrement, maintenant, Sarkozy, sauf si son bilan est catastrophique). de manière voulue ou non, Nicolas Sarkozy, aujourd'hui investi, porte ces éléments de domination charismatique, que la "monarchie présidentielle" de notre Vème République facilite par sa structure. Bien sûr, N. Sarkozy a été élu sur un programme... Pas la peine d'en rajouter, il y a aussi et surtout de la domination légale-rationelle dans notre système. Et pour ne pas faire de jaloux... - Ségolène Royal dans la campagne présidentielle : A l'heure du marketing politique et du contrôle des symboles, on peut se demander si l'utilisation de l'imagerie populaire religieuse ou, au moins, mythique, ne tient pas des traits d ela domination traditionnelle... Quand on s'habille en blanc sur proposition des conseillers en communication pour rappeler la Vierge Marie, symbole de la protection par excellence, quand on se présente et que l'on se fait présenter comme l'image la plus proche de "Marianne", ne peut-on pas considérer qu'il s'agit de ce ressort? Surtout que, comme Nicolas Sarkozy, elle aussi s'est dite "habitée" par sa mission. Se sentir "élu(e)" avant les échéances, faire référence au divin, comme pouvait le faire auparavant François Bayrou, tient peut-être encore de cette forme première de domination politique. Heureusement, le Pacte Présidentiel de Ségolène Royal est un exemple clair de légal-rationnel. Or elle aussi succomba à la volonté d'incarner la "Femme Providentielle". cette persistance du charismatique est, sous cette forme, une particularité qui, parmi les pays occidentaux, semble toute française. On pourrait passer en revue les autres candidats de 2007, mais je pense que les exemples sont clairs et que chacun pourra trouver quelle est, par exemple, la part d'"Homme Providentiel" exploitée chez José Bové, Jean-Marie Le Pen, François Bayrou ou encore Nicolas Hulot s'il s'était présenté... Voici donc une présentation non exhaustive du pouvoir politique et de sa définition par Max Weber, qui fait loi en la matière. Un petit résumé : Définition principale : Le pouvoir politique, c'est le monopole de la violence légitime (Max Weber). Car c'est seulement si le pouvoir d'état est respecté que la société peut s'organiser autour d'un point unanimement reconnu, et donc avancer, se structurer. Ce même Max Weber énonce trois types de dominations : - Traditionnelle - Charismatique - Légale-rationnelle ---> Ces trois types peuvent se combiner, même s'ils sont ordonnés du plus archaïque au plus moderne et souhaitable. Or l'Homme n'est pas encore prêt à se contenter de domination légale-rationnelle... qui nécessiterait d'abandonner la passion et l'irrationnel en politique...