vendredi 13 juillet 2012

Nouvelle armée, Martelly avancera avec ceux qui le veulent



Dimitri Hérard (cadet de l’Ecole militaire Eloy Alfaro), saluant le Président Martelly

Encore une fois, la création d'une nouvelle armée revient à l'ordre du jour dans l'agenda présidentiel. Le président de la République dit vouloir avancer avec ceux qui le veulent. Michel Martelly de retour, jeudi, de l'Equateur où il a reçu le soutien de Rafael Corea en ce sens, enverra, la semaine prochaine, une autre délégation en Equateur pour assurer le suivi du dossier.

« De nouvelles Forces armées sont une nécessité pour le pays. » Michel Martelly revient à la charge. Cette fois avec plus de détermination. Le président de la République ne jure que pas la création d’une nouvelle force de défense. Sa dénomination n’est pas le plus important. Il veut aussi tenir ses promesses de campagne et doter le pays de ce corps armé. « Nous regardons des étrangers qui viennent nous donner de la sécurité alors que nous pouvons le faire nous-mêmes », a-t-il dit dans une interview accordée aux journalistes, jeudi, sur le chemin du retour de l’Equateur.

Abord de l’avion des forces aériennes équatoriennes, Michel Martelly rêve de voir son pays doté lui aussi d’une armée avec toutes les infrastructures nécessaires. « Le président Corea nous a donné son support dans notre décision de mettre sur pied une force de défense qui, bien sûr, va remplacer la Minustah. L’Equateur est très, très ouvert. C’est un pays qui n’arrête pas de mettre en évidence les prouesses de nos ancêtres qui ont changé le cour de l’humanité », a affirmé le président haïtien.

Pour lui, parce qu’Haïti avait aidé des pays de l’Amérique latine à prendre leur indépendance, ils ont une redevance envers Haïti. « Il y a des pays qui sont pour, tout comme il y a d’autres qui sont réticents, a reconnu le président Martelly. Ceux qui sont réticents ne peuvent pas empêcher Haïti de réaliser des choses pour elle-même. Mais ils peuvent essayer de décourager ou de ne pas participer financièrement. »

« Il ne s’agira pas de créer une force qui soulèvera la colère de tout le monde où Haïti se retrouvera en face des gens qui essaient de lui rendre la vie dure. On identifie déjà des partenaires qui sont prêts à nous accompagner. La semaine prochaine, le ministre de la Défense, Rodolphe Joazile et Mario Andrésol, le chef de la police nationale, retourneront en Equateur pour faire le suivi de ce dossier », a-t-il indiqué.

Selon le chef de l’Etat, « la récente invasion des hommes en vert (anciens militaires) dans des camps a occasionné le retrait de bon nombre de personnes incluant le président Martelly. Je n’ai pas voulu remobiliser les anciens militaires. On n’avait jamais dit ça. Nous avions dit que nous mettrions sur pied une force qui respectera les critères… »

C’est pourquoi, a-t-il poursuivi, « le ministre de la Défense nous a accompagnés en Equateur. Les autorités équatoriennes nous ont promis de nous donner un appui technique et aussi au niveau de la formation. »

L’armée équatorienne va former des Haïtiens qui en retour, formeront d’autres Haïtiens dans le cadre de la mise sur pied de la nouvelle force que péconise le président Martelly. Le ministre de la Défense va faire le premier travail qui consiste à définir la mission de ce nouveau corps militaire, et à rassurer les partenaires. Le chef de l’Etat se dit conscient qu’il y a des amis qui ne sont pas confortables quand il parle de nouvelles forces.

En revanche, à ceux qui disent que le président Martelly veut former une armée pour l’utiliser ensuite à des fins politiques, le chef de l’Etat leur dit « bonne journée! ».

L’Equateur est déjà très présent en Haïti

Pour un montant d’environ 13 millions de dollars, un contingent d’ingénierie équatorien a fait des travaux remarquables dans le département de l’Artibonite, s’est félicité le chef de l’Etat. Pour lui, c'est ce type de coopération qu’il faut promouvoir. La coopération Sud-Sud. « Je pourrais évaluer à plus de 30 millions de dollars ce que le contingent équatorien a fait. Mais cela n’a coûté que 13 millions. C’est parce qu’à travers ces projets il n’y avait pas de gens qui cherchaient à s’enrichir ni à faire du dilatoire. Plus de 15 kilomètres de route, des ponts, des curage de canaux ont été exécutés. C’est ce modèle de coopération qui est intéressant», a expliqué M. Martelly, soulignant qu’il reste ouvert à toutes autres formes de coopérations.

Malgré cette coopération Sud-Sud dont fait l’éloge le chef de l’Etat, Haïti n’avait jamais eu une représentation en Equateur. « Le président Corea nous a promis un bureau à Quito. Il s’agirait de nommer le personnel qui, lui, va commencer à s’occuper des Haïtiens sans papiers vivant à Quito », a avancé le locataire du palais national

Les autorités équatoriennes ont promis de régulariser la situation des Haïtiens vivant dans des conditions irrégulières, selon Michel Martelly.


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LE POUVOIR POLITIQUE SELON MAX WEBER

Le pouvoir politique selon Max Weber Le pouvoir politique, c'est la domination exercée par une personne ou un groupe de personnes dans une société, dans le but d'organiser celle-ci. La cohérence d'un projet politique est assurée par un pouvoir politique qui mène cette action. Ce contrôle peut être fait à l'encontre de la volonté populaire (dictature) ou au nom du peuple, c'est à dire par et pour le peuple (démocratie). A ce niveau, il est questions de systèmes et de régimes politiques, qui méritent deux fiches supplémentaires! Il faut commencer par définir ce pouvoir politique, puis voir quelles formes il peut prendre. On parlera alors ici de régimes et de systèmes (tout de même), mais aussi de domination, de portées anthropologiques, historiques, culturelles, philosophiques... Pour constater, en conclusion, les choses n'ont pas tant évolué ces derniers siècles... Avec, encore une fois, un rapport à l'actualité. Définition La plus utile, et la plus célèbre, c'est celle qu'a énoncée Max Weber dans Le Savant et le Politique (1919) : "Le pouvoir politique, c'est le monopole de la violence légitime". Retenir cela, c'est déjà posséder l'essentiel en la matière... Il s'agit désormais de comprendre ce que cela implique concrètement. La violence légitime, c'est la violence qui est reconnue par tous comme légitime, c'est à dire nécessaire au bon fonctionnement de la communauté. S'il n'y avait pas de violence dite "légitime", n'importe qui pourrait se faire justice soi-même et la loi du plus fort, ou encore du "chacun pour soi" règnerait. Par "violence", il ne s'agit pas que d'aggression physique, mais aussi et surtout de violence symbolique (exemple : un redressement fiscal ne se règle pas avec des coups de bâton...). Hobbes dit que "L'Homme est un loup pour l'Homme" : Le pouvoir politique permet de distribuer plus ou moins équitablement les droits et devoirs entre les citoyens. Et cela passe par l'acceptation collective d'une autorité qui exerce cette violence légitime, c'est à dire cette possibilité de fixer des limites à ceux qui dépassent les règles et empiètent sur la liberté d'autrui ("la liberté de chacun s'arrête là où commence celle d'autrui"...). Chez hobbes, la société organisée est une nécessité pour échapper à un état de nature qui n'engendre que la guerre. Chez Rousseau, ce "contrat social" est un compromis, une régulation entre l'aspect fondamentalement social de l'Homme et sa nature qui, ici, est pensée comme fondamentalement bonne. Donc, l'armée, la police, la justice, sont des instruments de cette "violence légitime", qui permet d'empêcher ou de punir les cas de violence individuelle (interdire de se faire justice soi-même, c'est lutter contre la Loi du plus fort). Mais ils doivent être utilisés dans un cadre juridique, sans quoi ils deviennent, également, illégitimes. Ainsi, ce pouvoir implique, naturellement, qu'un policier qui fait un usage abusif de son arme soit puni. Tout pouvoir qui ne possède pas de contre-pouvoirs est dit "absolu". La violence légitime est une notion positive, qui doit sans cesse (surtout en démocratie) se remettre en question. Bref, une fois que quelqu'un a le pouvoir de taper, on l'écoute... Donc, le pouvoir politique, qui exerce cette domination légitime, est à même de structurer la société, pour le meilleur comme pour le pire. Pour définir ce qu'est la violence illégitime (celle qui doit être combattue pour assurer le respect des droits et devoirs des citoyens), il est important que les bases du pouvoir reposent sur des Lois, sur une juridiction. Le pouvoir politique peut s'exercer de plusieurs manières... Il faut, dès ici, faire la différence entre trois concepts fondamentaux: les types de domination, les sytèmes politiques, et enfin les régimes politiques... ce sont trois facteurs qui peuvent être cumulés entre eux... Les 3 types de domination politique Encore un formidable éclairage que l'on doit à Max Weber... Trois types: - la domination traditionnelle : le chef est chef en raison de ses ascendances divines, de ses pouvoirs mystiques, de son lien avec l'au-delà... Ex : Selon les sociétés, - tribus d'Amazonie : le chaman est, souvent, le chef du village - Egypte Antique : le pharaon est aussi un demi-dieu... - Royaumes européens : le roi possède une légitimité divine, souvent renforcée par des pouvoirs spécifiques (comme ce fut le cas pour les Rois Thaumaturges) Bref, la domination traditionnelle, c'est la fusion originelle de l'occulte et du politique. Celui qui, dans le groupe, peut revendiquer un lien quelqconque avec l'au-delà, se trouve en mesure de revendiquer le pouvoir politique... traditionnel peut-être mais efficace. - la domination charismatique : c'est le "niveau 2" du pouvoir politique : en raison de son comportement héroïque, de son charisme, de l'admiration irrationnelle qu'un être suscite, celui-ci est considéré comme le chef naturel, spontanément plébiscité... Une survivance moderne de cette domination est le moteur du mythe de l'"homme providentiel" (ou de la femme, bien sûr), encore vivace sous notre Vème République. Exemples concrets : - Attila est le meilleur guerrier des Huns? C'est donc le chef des Huns... - Périclès est le meilleur gestionnaire, tacticien, guerrier, orateur et économiste de la Grèce Antique? Il impressionne même les plus fervents partisants de l'aristocratie? Aucun doute, c'est lui qu'il faut à Athènes... - Plus récent, en France... et beaucoup moins glorieux au regard de l'Histoire : Pétain est un héros de 1914? Alors on espère qu'il va nous sauver en 1940... Comme quoi... Et enfin, le type de domination le plus avancé, le plus moderne, le plus... souhaitable : - la domination légale-rationnelle : là, c'est simple, on prend plus compétent, celui qui est à même de gouverner le pays non pas parce qu'il impressionne, mais juste parce qu'il fait bien son travail... - Euh... Roosevelt aux Etats-Unis, Blair en Grande-Bretagne, Churchill, Giscard (qui n'avait pas un super charisme non plus...). Bref, c'est moderne, c'est administratif, ça fait moins rêver mais c'est plus efficace et souvent bien moins violent. Limites Il faut bien garder en tête que ce sont des exemples absolus, et qu'on peut tout à fait combiner les trois... Je cite un exemple ou deux, tout bêtement, pour confirmer que les dispositifs ici évoqués sont encore bien ancrés... - Nicolas Sarkozy dans la campagne présidentielle : Cela fait trois ans qu'on le présente un peu partout comme l'homme de la situation, comme celui que la France attend... Bref, on fait encore une fois appel au "mythe de l'Homme Providentiel". Depuis Napoléon Bonaparte, ce mécanisme caractérise la France ; plutôt que de croire en la force collective et rationnelle, on va chercher à trouver un sauveur (Napoléon, De Gaulle, Pétain, et sûrement, maintenant, Sarkozy, sauf si son bilan est catastrophique). de manière voulue ou non, Nicolas Sarkozy, aujourd'hui investi, porte ces éléments de domination charismatique, que la "monarchie présidentielle" de notre Vème République facilite par sa structure. Bien sûr, N. Sarkozy a été élu sur un programme... Pas la peine d'en rajouter, il y a aussi et surtout de la domination légale-rationelle dans notre système. Et pour ne pas faire de jaloux... - Ségolène Royal dans la campagne présidentielle : A l'heure du marketing politique et du contrôle des symboles, on peut se demander si l'utilisation de l'imagerie populaire religieuse ou, au moins, mythique, ne tient pas des traits d ela domination traditionnelle... Quand on s'habille en blanc sur proposition des conseillers en communication pour rappeler la Vierge Marie, symbole de la protection par excellence, quand on se présente et que l'on se fait présenter comme l'image la plus proche de "Marianne", ne peut-on pas considérer qu'il s'agit de ce ressort? Surtout que, comme Nicolas Sarkozy, elle aussi s'est dite "habitée" par sa mission. Se sentir "élu(e)" avant les échéances, faire référence au divin, comme pouvait le faire auparavant François Bayrou, tient peut-être encore de cette forme première de domination politique. Heureusement, le Pacte Présidentiel de Ségolène Royal est un exemple clair de légal-rationnel. Or elle aussi succomba à la volonté d'incarner la "Femme Providentielle". cette persistance du charismatique est, sous cette forme, une particularité qui, parmi les pays occidentaux, semble toute française. On pourrait passer en revue les autres candidats de 2007, mais je pense que les exemples sont clairs et que chacun pourra trouver quelle est, par exemple, la part d'"Homme Providentiel" exploitée chez José Bové, Jean-Marie Le Pen, François Bayrou ou encore Nicolas Hulot s'il s'était présenté... Voici donc une présentation non exhaustive du pouvoir politique et de sa définition par Max Weber, qui fait loi en la matière. Un petit résumé : Définition principale : Le pouvoir politique, c'est le monopole de la violence légitime (Max Weber). Car c'est seulement si le pouvoir d'état est respecté que la société peut s'organiser autour d'un point unanimement reconnu, et donc avancer, se structurer. Ce même Max Weber énonce trois types de dominations : - Traditionnelle - Charismatique - Légale-rationnelle ---> Ces trois types peuvent se combiner, même s'ils sont ordonnés du plus archaïque au plus moderne et souhaitable. Or l'Homme n'est pas encore prêt à se contenter de domination légale-rationnelle... qui nécessiterait d'abandonner la passion et l'irrationnel en politique...